Fort de trois mandats successifs à la tête de l’UMT (Union Marocaine du Travail), la plus grande centrale syndicale du pays et principal porte-flambeau de la contestation contre le gouvernement actuel, Miloudi Moukharik est bien parti pour mener la vie dure à Akhannouch et son équipe. En cause, le blocage sur le droit de grève, qui a empoisonné la vie politique et détérioré le climat social au plus haut point.
Le syndicaliste s’est montré très virulent et a adressé des critiques acerbes à l’exécutif tout au long du 13ᵉ congrès, qui l’a plébiscité pour un nouveau mandat. Un mandat remporté sans véritable concurrence, puisqu’aucun autre candidat ne s’était présenté.
À 74 ans, après un long parcours dans l’action syndicale aux côtés de son mentor, le fondateur de l’UMT Mahjoub Benseddik, Moukharik demeure l’adversaire le plus redouté du gouvernement pour l’année et demie qui reste avant les prochaines élections. Il ne cache d’ailleurs pas sa volonté de prendre sa revanche sur Akhannouch après le passage en force de la loi sur la grève et les nombreux rebondissements qui ont fini par lasser les Marocains.
Sa réélection ce week-end le conforte dans cette posture et le maintient sur le devant de la scène pour mener les prochains combats de la classe ouvrière. La Fête du Travail devrait en être le point culminant, dans un climat social déjà tendu, marqué par la grève générale de deux jours menée par l’UMT et la CDT, mais sans l’UGTM, proche du parti de l’Istiqlal et donc de la majorité, ce qui n’a rien d’anodin.
L’UMT a d’ores et déjà annoncé de nouvelles paralysies économiques et administratives, promettant un printemps syndical brûlant avant l’été, avec des actions ciblées dans les secteurs de l’enseignement et de la santé. Un programme bien chargé pour un Moukharik déterminé à redonner au syndicalisme une nouvelle vigueur.
Par Jalil Nouri
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