Le Maroc se retrouve une nouvelle fois au centre de l’attention des milieux stratégiques espagnols. Selon la presse ibérique, un « nouveau motif d’inquiétude » provient du projet marocain d’acquérir des missiles américains FIM-92K Stinger, dernière génération du célèbre système sol-air portable. Cette alerte intervient dans un contexte où l’arsenal du Royaume connaît une modernisation soutenue, scrutée de près à Madrid, sur fond de sensibilité persistante autour de Ceuta, Melilla et des Canaries.
En avril 2025, le Département d’État américain a approuvé une possible vente à Rabat de 600 missiles Stinger Block I et équipements associés, pour un montant estimé à 825 millions de dollars. Le contrat inclut formation, assistance technique et soutien logistique. Washington souligne que cette acquisition vise à renforcer la défense aérienne de courte portée de l’armée de terre marocaine et à améliorer son interopérabilité avec les forces américaines et alliées.
Côté espagnol, certains analystes y voient un jalon supplémentaire dans la montée en puissance militaire du voisin du Sud, après les commandes de F-16 modernisés, de systèmes d’artillerie et de drones armés. Ces évolutions sont parfois décrites comme alimentant une forme de « course aux armements silencieuse » en Afrique du Nord, même si l’Espagne reste elle-même dotée de capacités aériennes et de défense antiaérienne significatives.
La lecture américaine est plus nuancée : Rabat est considéré comme un allié majeur non-membre de l’OTAN et un pôle de stabilité en Afrique du Nord. La Defense Security Cooperation Agency insiste sur le fait que la vente projetée « n’altérera pas l’équilibre militaire fondamental dans la région », mais contribuera à permettre au Maroc de faire face aux menaces actuelles et futures, notamment dans un environnement marqué par l’instabilité sahélienne et la persistance des tensions au Sahara.
Au-delà des inquiétudes exprimées de l’autre côté du détroit, cette opération illustre la stratégie marocaine de montée en gamme technologique et de sécurisation de son espace aérien. Elle rappelle aussi la nécessité d’un dialogue militaire renforcé entre Rabat et Madrid, afin que la modernisation des capacités de défense de chacun soit lue non comme un facteur de confrontation, mais comme un levier de dissuasion et de stabilité partagée sur les deux rives de la Méditerranée.










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