Le monde de la culture marocaine est en deuil. L’acteur et homme de théâtre Mohamed Errazine est décédé ce jeudi 23 octobre 2025, à l’âge de 79 ans, des suites d’une longue maladie. La nouvelle a été confirmée par des médias nationaux ; l’acteur Rachid El Ouali lui a rendu un vibrant hommage, saluant une figure « qui n’était pas un artiste de passage, mais l’un des piliers du théâtre marocain ». Razine laisse derrière lui une œuvre dense, au croisement de la scène, de la télévision et du cinéma, et une empreinte humaine que ses proches décrivent comme discrète, généreuse et exigeante.
Né à une époque où la scène constituait l’un des rares espaces d’expression populaire, Mohamed Errazine a grandi avec le théâtre, l’a accompagné, l’a nourri et l’a défendu. Sa voix reconnaissable entre mille, sa présence calme et souveraine, son art de « tenir » une salle sans effets inutiles en ont fait un maître de jeu, recherché par les metteurs en scène et respecté par ses pairs. Beaucoup se souviennent de sa capacité à épouser des registres variés—du tragique à la comédie—sans jamais trahir la rigueur qui était la sienne.
À la télévision et au cinéma, il a traversé des générations de spectateurs, offrant des personnages justes, habités, souvent porteurs d’une mémoire collective. Au-delà des rôles, Razine fut de ceux qui transmettent : aux jeunes comédiens, il rappelait que le métier ne s’improvise pas, qu’il exige travail, humilité et fidélité au public.
En saluant sa mémoire, la communauté artistique salue aussi une certaine idée du théâtre : un art du lien, de la patience et du temps long. La disparition de Mohamed Errazine est une perte immense ; elle oblige à mesurer l’héritage d’une vie consacrée à la scène et à poursuivre ce qu’il n’a cessé de défendre : l’exigence et la dignité de l’artiste.