À cinq ans du coup d’envoi de la Coupe du monde 2030, coorganisée par le Maroc, l’Espagne et le Portugal, le Royaume est appelé à redoubler d’efforts pour se mettre en conformité avec les standards internationaux. Et parmi les défis les plus sensibles mais pourtant trop souvent ignorés : la lutte contre la contrefaçon.
Pendant des décennies, la contrefaçon a prospéré à l’ombre d’un système informel toléré, presque banalisé, avec peu de contrôles visibles, des sanctions irrégulières et une absence de stratégie nationale cohérente. Pourtant, les textes de loi existent. Les instruments juridiques et répressifs sont en place. Ce qui manque ? Une volonté politique assumée, une prise de conscience publique et surtout, une mobilisation structurée et médiatisée à l’échelle nationale.
Un angle mort des préparatifs du Mondial
La récente réunion consacrée à l’état d’avancement des projets liés au Mondial 2030, tenue en présence de plusieurs ministres, dont celui du commerce, n’a même pas évoqué la question de la contrefaçon. Une omission lourde de sens, dans un pays où l’économie informelle pèse encore près du tiers du PIB.
Cette lacune révèle l’ampleur du retard accumulé dans la lutte contre un fléau qui ternit l’image du Maroc et peut l’exposer à des sanctions de la part de ses partenaires internationaux, notamment dans le cadre des accords de libre-échange ou des règlements de la FIFA sur la protection des marques.
Un enjeu d’image à ne pas sous-estimer
En 2030, le Maroc accueillera plus de 2 millions de visiteurs venus des quatre coins du monde. Que se passera-t-il si, en arpentant les souks et les médinas, ces touristes achètent des maillots contrefaits de leur sélection nationale ? À leur retour, ils risquent des saisies aux douanes, voire des sanctions dans certains pays. L’impact serait désastreux pour l’image du Royaume, qui se verrait accusé de tolérer le commerce illicite.
Des solutions existent : campagnes de sensibilisation, certification claire des points de vente homologués, contrôles renforcés dans les marchés informels, et même des avertissements à l’aéroport pour les voyageurs, leur indiquant les risques encourus et les bonnes pratiques à adopter.
Une bataille à mener dès aujourd’hui
Si le Maroc veut faire du Mondial 2030 une vitrine internationale de modernité et de rigueur, il doit s’attaquer dès maintenant à l’informel et à la contrefaçon. Non par mesure cosmétique, mais dans un esprit de réforme durable et de respect du droit international.
Le chemin sera long, les habitudes tenaces, mais le Maroc a une occasion historique de prouver qu’il sait conjuguer accueil chaleureux et rigueur légale. Encore faut-il qu’il accepte d’ouvrir le débat et de poser les premiers jalons d’une politique de tolérance zéro contre la contrefaçon.