C’est une affaire aussi tragique que rocambolesque, digne d’un scénario de série noire… version burlesque. Après 14 ans de cavale, de mensonges, de faux certificats de décès et de mise en scène grotesque, la justice a enfin rattrapé Hassan Benhamza, meurtrier de Mehdi Ettir, tué en plein Paris en 2011 après une banale dispute… à propos d’un chien.
Le 21 avril 2025, la cour d’appel de Rabat a confirmé la peine de 20 ans de réclusion criminelle, accompagnée de 500 000 dirhams de dommages et intérêts, à l’encontre de Benhamza, aujourd’hui âgé de 34 ans. Il avait poignardé Mehdi à cinq reprises en pleine rue, le 27 mars 2011, après une altercation dans un gymnase du quartier de Belleville, à Paris.
Mais ce n’est pas tant le crime — déjà dramatique en soi — qui rend cette affaire si saisissante. C’est tout ce qui a suivi. Hassan Benhamza fuit au Maroc, se volatilise… puis ressuscite l’imagination judiciaire en se faisant passer pour mort ! Sa famille, décidément très appliquée, fournit même un faux certificat de décès établi à Rabat. Selon leur version, Hassan se serait « suicidé par chagrin »… pendant que monsieur bronze à la plage et élève des enfants avec sa compagne.
La supercherie est si grotesque qu’on peine à croire qu’elle ait tenu plusieurs années. Mis sur écoute, l’un des frères de l’accusé finit par fournir ledit certificat aux enquêteurs français. Verdict : faux, bien sûr. En 2017, la mère, les deux frères et la petite amie de Hassan écopent de peines allant de 12 mois avec sursis à 15 mois ferme, pour faux et usage de faux. Mais, ironie de la procédure, personne ne sera condamné pour le faux certificat de décès en lui-même. À croire que dans cette affaire, la fiction avait parfois plus de droits que la réalité.
Arrêté en mai 2023 près d’un centre commercial de Rabat — preuve que le défunt se portait plutôt bien — Hassan est enfin jugé. Sa condamnation a été accueillie avec soulagement par la famille de Mehdi. « Oui, on est très content de la justice marocaine, dites-le bien », lâche Inès Ettir, sœur de la victime, entre émotion et soulagement. Son combat, long de 14 ans, trouve enfin un dénouement. Et pour une fois, ce n’est pas un scénario de film… c’est la réalité.
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