Le juge d’instruction près la Cour d’appel de Fès a décidé, ce lundi, de poursuivre en état de liberté provisoire Mustapha Lakhssam, président de la commune d’Imouzzer Kandar, moyennant le versement d’une caution de 20.000 dirhams. Cette décision intervient dans le cadre d’une enquête ouverte pour détournement et dilapidation présumés de deniers publics.
Le magistrat a également prononcé une interdiction de quitter le territoire national à l’encontre de l’élu, et fixé le lundi prochain comme date pour une nouvelle audience d’instruction, durant laquelle Lakhssam devra répondre en profondeur aux accusations qui pèsent sur lui.
L’affaire fait grand bruit dans la région de Fès-Meknès. Selon des sources proches du dossier, des anomalies auraient été constatées dans la gestion financière de la commune, notamment autour de marchés publics, de dépenses non justifiées et de transactions suspectes liées à des projets locaux. Une plainte déposée par des membres du conseil communal, appuyée par des documents comptables, aurait conduit à l’ouverture de l’enquête par le parquet compétent.
Face à cette décision, Mustapha Lakhssam a exprimé sa colère dans une vidéo diffusée sur son compte Facebook, affirmant :
« Je ne comprends pas pourquoi le juge a pris cette décision. Je ne suis pas un voleur ! Mon seul objectif est de servir honnêtement mon pays. »
Il a également déploré la décision de fermeture des frontières, expliquant qu’il se rend chaque semaine en Europe pour ses affaires privées et engagements professionnels. Son avocate, a-t-il précisé, prépare un recours contre cette décision, espérant qu’elle soit annulée dans les plus brefs délais.
Dans la région d’Imouzzer Kandar, les réactions sont partagées. Certains habitants dénoncent une justice instrumentalisée, estimant que Lakhssam est victime de règlements de comptes politiques. D’autres, au contraire, réclament des audits clairs et une transparence totale sur l’utilisation des fonds publics dans la gestion locale.
L’affaire relance le débat sur la corruption dans la gestion communale au Maroc, un sujet sensible qui a poussé les autorités ces dernières années à renforcer les contrôles financiers et à poursuivre plusieurs présidents de communes pour mauvaise gestion ou détournement.
Selon la Cour des comptes, les communes marocaines restent l’un des maillons les plus vulnérables en matière de gouvernance budgétaire, avec des procédures souvent opaques, une absence de traçabilité dans les dépenses, et un déficit de formation chez certains élus.
Ce dossier constitue donc un test important pour l’indépendance de la justice et la lutte contre l’impunité des élus locaux. Si les accusations sont avérées, elles pourraient entacher durablement l’image de Lakhssam et remettre en question sa légitimité à la tête de la commune. Mais s’il s’avère que les poursuites ne reposent sur aucune base solide, alors des réparations morales et politiques seront inévitables.
Dans tous les cas, l’opinion publique attend avec vigilance la suite de cette affaire, symbole d’un malaise plus large dans la gestion de certaines petites communes marocaines, où la frontière entre gestion publique et intérêts personnels est parfois ténue.