Ce qui aurait pu être interprété comme une simple plaisanterie s’avère bien plus inquiétant qu’il n’y paraît. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, ne s’est pas contenté de corriger un lapsus du journaliste Yaakov Bardugo lors d’une interview le 6 février dernier. En réalité, il a ouvertement évoqué l’idée d’un transfert des Palestiniens en Arabie saoudite, un propos qui ne relève ni de l’humour ni d’une erreur de langage.
Une déclaration calculée qui fait scandale
Interrogé sur la normalisation avec Riyad, Netanyahu a d’abord rectifié la confusion du journaliste qui suggérait qu’il n’y aurait pas de progrès sans un « État saoudien ». Mais loin d’en rester là, il a poursuivi sur un ton plus inquiétant :
« Un État palestinien ? À moins que vous ne vouliez que l’État palestinien soit en Arabie saoudite… Les Saoudiens ont beaucoup de territoires. »
Ce qui aurait pu être une phrase lancée en l’air semble en réalité refléter une pensée bien plus profonde : celle d’un projet de déplacement forcé des Palestiniens, au mépris du droit international et de l’Histoire.
L’Arabie saoudite et le monde arabe en furie
Face à ces propos, Riyad n’a pas tardé à réagir. Dans un communiqué publié le 9 février, le ministère saoudien des Affaires étrangères a réaffirmé son rejet catégorique des déclarations de Netanyahu. Sans citer directement le passage sur l’installation d’un État palestinien sur le sol saoudien, Riyad a dénoncé une tentative éhontée de détourner l’attention des crimes israéliens à Gaza.
Mais l’Arabie saoudite n’est pas seule à être scandalisée. L’Égypte a condamné ce qu’elle considère comme une « atteinte directe à la souveraineté saoudienne », ajoutant que la sécurité de Riyad était « une ligne rouge pour l’Égypte ».
La Jordanie a dénoncé une « mentalité extrémiste d’occupation », soulignant que le territoire palestinien ne peut être effacé ou déplacé par des décisions politiques unilatérales.
Le Qatar, médiateur clé des négociations entre Israël et le Hamas, a qualifié la déclaration de Netanyahu de « provocatrice », estimant qu’elle s’inscrivait dans une logique expansionniste et coloniale.
Trump relance la controverse avec une idée encore plus radicale
Comme si cela ne suffisait pas, Donald Trump est venu ajouter de l’huile sur le feu. L’ancien président américain, toujours influent sur la politique israélienne, a proposé un scénario délirant :
« Les États-Unis reprendront Gaza à Israël et en feront une ‘Riviera du Moyen-Orient’, après avoir réinstallé les Palestiniens ailleurs. »
Une vision surréaliste qui a immédiatement été saluée par Netanyahu, confirmant que l’idée du déplacement forcé des Palestiniens est bien présente dans certains cercles politiques israéliens.
Les États arabes ont unanimement rejeté cette proposition, dénonçant une vision coloniale dépassée. Riyad a rappelé qu’aucune normalisation avec Israël ne serait possible sans un véritable État palestinien.
Une nouvelle ligne rouge franchie par Israël
Avec ces propos, Netanyahu ne se contente pas d’une provocation. Il révèle ce qui pourrait être une véritable stratégie : celle de vider progressivement la Palestine de sa population. Une approche qui s’apparente à un projet de transfert forcé de population, une violation flagrante du droit international.
Face à cette escalade, le monde arabe resserre les rangs contre ce qu’il considère comme une menace existentielle pour le peuple palestinien. La question qui se pose désormais est claire : Netanyahu est-il prêt à aller jusqu’au bout de cette idée ? Et jusqu’où la communauté internationale laissera-t-elle faire ?