Alors que les autorités justifient les vagues de démolitions dans plusieurs quartiers de Rabat par des impératifs de sécurité et d’aménagement urbain, la Ligue marocaine pour la citoyenneté et les droits de l’homme (LMCDH) dénonce de graves violations du droit au logement. Dans un rapport intitulé « Les droits de l’Homme au Maroc entre engagements et violations », l’organisation met en lumière les conséquences désastreuses de ces opérations pour des centaines de familles laissées sans alternative.
Des démolitions sans indemnisation ni relogement
Depuis plusieurs mois, des milliers de familles se retrouvent sans abri après la destruction de leurs logements dans des quartiers précaires, à Rabat, Casablanca, Kénitra et Témara. Sans compensation équitable ni relogement, ces habitants, déjà en situation précaire, doivent affronter une inflation galopante qui complique encore davantage la recherche d’un nouveau toit.
Face à cette situation, la LMCDH réclame :
- Une indemnisation juste pour les familles touchées,
- Un relogement ou une aide financière adéquate,
- Une approche sociale dans les politiques d’aménagement urbain, en évitant les démolitions brutales sans solution de remplacement.
Un marché immobilier dominé par les grands promoteurs
Au-delà des démolitions, la LMCDH dénonce une crise structurelle du logement, marquée par une spéculation immobilière incontrôlée. Le marché est dominé par de grands promoteurs bénéficiant de facilités exorbitantes, comme des terrains à prix réduits et des exonérations fiscales, tandis que les classes moyennes et les petits fonctionnaires font face à des prix prohibitifs et à une absence de soutien public.
Le rapport mentionne également des cas de corruption au sein des institutions publiques du logement, où des sociétés du secteur sont accusées de mauvaise gestion et de collusion avec certains entrepreneurs, entraînant le retard de nombreux projets de logement social et privé.
Des solutions pour un logement plus accessible
Pour remédier à ces déséquilibres, la LMCDH propose une refonte des politiques du logement, notamment à travers :
- Une taxation progressive sur les grands promoteurs pour limiter la spéculation,
- Un encadrement des prix afin de rendre le logement accessible aux classes moyennes,
- Une meilleure inclusion des petits fonctionnaires dans les programmes de logement social,
- Des crédits immobiliers plus avantageux et l’attribution de terrains à prix réduits aux ménages les plus modestes.
La crise du logement ne cesse de s’aggraver, rendant plus urgente que jamais une réforme en profondeur. Si aucune mesure concrète n’est prise, des milliers de familles continueront de vivre dans l’incertitude, sans accès à un logement décent, un droit pourtant fondamental.