Pass Jawaz : outil de fluidité ou fardeau financier pour les automobilistes marocains ?

Conçu à l’origine pour fluidifier le trafic sur les autoroutes marocaines, le Pass Jawaz, système de télépéage introduit par la Société Nationale des Autoroutes du Maroc (ADM), se retrouve aujourd’hui au centre d’une vive polémique. En cause : l’augmentation récente de son tarif, passé à 100 dirhams, avec seulement 20 dirhams de crédit inclus. Autrement dit, l’usager débourse 80 dirhams pour acquérir un simple support électronique.

Il n’y a pas si longtemps, le même pass était proposé à 50 dirhams, dont 40 dirhams de solde préchargé. La comparaison est amère pour de nombreux automobilistes, qui dénoncent une forme de « spoliation financière ». Plusieurs associations de défense des consommateurs, à l’image de la Fédération présidée par Bouazza Kherrati, n’ont pas manqué de qualifier cette hausse de « cupidité flagrante », pointant du doigt une décision stratégique mal justifiée et particulièrement pénalisante pour les Marocains résidant à l’étranger (MRE), nombreux à utiliser le réseau autoroutier lors de leurs séjours estivaux.

Certains automobilistes expriment avec clarté leur mécontentement :
« Honnêtement, je trouve que le prix du Pass Jawaz est excessif. Cet outil, qui devait en principe être mis gratuitement à la disposition des usagers pour faciliter la circulation et améliorer la fluidité aux péages, devient aujourd’hui un fardeau supplémentaire pour nos portefeuilles. Même si l’ADM souhaite se faire rembourser le coût de l’appareil, il ne devrait en aucun cas dépasser 10 dirhams, car il ne s’agit pas d’un luxe mais d’un service public destiné à moderniser le trafic. Il ne faut pas oublier que l’ADM réalise déjà des économies importantes grâce à ce système : moins de personnel mobilisé aux guichets, une gestion plus rapide et plus efficace des flux de véhicules. Dans ces conditions, faire payer aux automobilistes 80 dirhams de frais cachés pour un simple support électronique n’a aucun sens. Si l’objectif est réellement de promouvoir l’usage du télépéage et d’encourager les Marocains à adopter cette modernisation, le prix doit être accessible, symbolique et juste. Autrement, le Pass Jawaz risque d’être perçu non pas comme une innovation au service du citoyen, mais comme une source supplémentaire de frustration. »

Cette évolution tarifaire soulève des interrogations légitimes : le Pass Jawaz a-t-il été pensé pour améliorer l’expérience des usagers et moderniser le trafic routier, ou bien est-il devenu un outil de rentabilisation à leur détriment ? Le contraste avec les pratiques de nombreux pays développés, où les dispositifs similaires sont souvent proposés à un prix symbolique, voire gratuits, pour encourager leur adoption, nourrit davantage le sentiment d’injustice.

Si ADM justifie cette révision par la nécessité de « rééquilibrer le modèle économique » après plusieurs années de tarification promotionnelle, le débat reste entier. Car au-delà de la rentabilité, ce sont la confiance des usagers, la perception de l’équité et la crédibilité des politiques de mobilité moderne qui se jouent dans ce dossier.

Le Pass Jawaz incarne à la fois l’ambition d’un Maroc moderne et connecté, et les limites d’une gestion perçue par beaucoup comme trop coûteuse pour les usagers. Entre la promesse de fluidifier la circulation et la réalité d’un prix jugé excessif, le débat reste ouvert et la question mérite réflexion : le Pass Jawaz est-il réellement au service du citoyen ou devient-il un symbole de fracture entre innovation et pouvoir d’achat ? À vous, lecteurs, d’apporter votre avis : faut-il revoir sa tarification, repenser sa mise en œuvre, ou accepter ce prix comme le coût de la modernité ?

Par Mounir Ghazali