Au Maroc, la scène devient tristement familière : des patients sortent des pharmacies les mains vides, faute de médicaments essentiels. L’insuline, les traitements contre le cancer, les antihypertenseurs ou encore les médicaments pour la thyroïde disparaissent périodiquement des rayons. Une situation critique qui met en péril la continuité des soins pour des milliers de malades.
Face à cette pénurie récurrente, les professionnels du secteur pharmaceutique pointent du doigt une gestion publique défaillante. Pour Khalid Zouine, président du Conseil national de l’Union nationale des pharmaciens du Maroc, « ce problème dure depuis des années, sans réaction sérieuse du ministère de la Santé ». Il appelle à des mesures urgentes, comme la réactivation de la pharmacie centrale de Berrechid ou l’obligation pour les laboratoires de respecter leur engagement de distribution.
De son côté, Amine Bouzoubaa, président de la coalition des pharmaciens du PJD, évoque les effets pervers du décret de 2014 sur la baisse des prix des médicaments. Si certaines molécules sont devenues plus abordables, d’autres, peu rentables pour les laboratoires, ont été retirées du marché. « Ce décret, appliqué sans distinction entre médicaments coûteux et bon marché, a fragilisé l’équilibre du secteur », explique-t-il.
À cela s’ajoutent des difficultés d’approvisionnement en matières premières, souvent liées à des facteurs internationaux, rendant la production locale encore plus vulnérable.
Les professionnels appellent aussi à activer un droit de substitution pharmaceutique en cas de rupture, afin de réduire l’impact sur les malades.
Car l’enjeu est vital : pour les patients chroniques, chaque jour sans traitement peut coûter la vie.
.