Dans une Tunisie aux prises avec une pénurie de sucre, l’approche de l’Aïd el-Fitr, la fête marquant la fin du Ramadan, suscite une vague d’inquiétude et de frustration parmi de nombreux Tunisiens. Le manque de cet ingrédient essentiel compromet les pratiques culinaires traditionnelles associées à cette période de festivités.
Leila Bassaoui, résidente de Tunis, exprime son désarroi face à cette situation inédite : « Jamais je n’aurais pensé qu’un jour nous serions contraints de faire la queue pour acheter du sucre en Tunisie », confie-t-elle, soulignant la chronicité du manque de nombreux produits de première nécessité. Cette carence prive de nombreuses familles de la possibilité de confectionner les délicieux gâteaux traditionnels qui font la renommée des célébrations de l’Aïd à venir.
Les autorités tunisiennes, confrontées à des difficultés financières, peinent à assurer un approvisionnement adéquat en sucre, ainsi qu’en autres denrées alimentaires essentielles. Malgré les annonces de reprise du raffinage du sucre brut et de la distribution de stocks, la vente de sucre subventionné demeure limitée et soumise à des restrictions quantitatives, provoquant de longues files d’attente devant les supermarchés.
Cette situation précaire affecte également les professionnels de la restauration et de la pâtisserie, dont Salim, employé dans une pâtisserie du centre-ville, qui partage son inquiétude : « Tout notre métier repose sur l’utilisation du sucre ! La diminution de notre activité menace notre existence même ». La rareté du sucre entraîne également une baisse de la production, exacerbant les difficultés économiques rencontrées par de nombreux Tunisiens.
Malgré ces défis, certains cherchent à relativiser la situation avec humour. Nayla, une autre résidente de Tunis, plaisante en déclarant que « le sucre n’est pas bon pour la santé ! », témoignant ainsi d’une capacité à faire face aux circonstances difficiles avec légèreté.
La pénurie de sucre en Tunisie représente un défi majeur pour de nombreuses familles et entreprises, compromettant les célébrations traditionnelles de l’Aïd el-Fitr et mettant en évidence les difficultés économiques et logistiques auxquelles le pays est confronté. La Tunisie, qui compte 12 millions d’habitants, dont près de la moitié vivent sous le seuil de pauvreté, subit depuis deux ans une inflation élevée (8 à 10% en moyenne annuelle), entraînant une augmentation significative des prix alimentaires.