Le 9 septembre prochain, les pharmaciens marocains battront le pavé pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme une réforme imposée sans concertation. En cause : le projet de décret sur la fixation des prix des médicaments, jugé « injuste » et « déstabilisateur » pour une profession déjà en crise.
À la tête de la Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc (CSPM), Mohamed Lahbabi parle d’« un cri d’alarme » et non d’un simple mouvement de contestation. Pour lui, la réforme menace directement la survie de milliers d’officines, déjà fragilisées par un cadre juridique archaïque et des charges grandissantes.
Depuis plusieurs années, la grogne des patients ne cesse de monter face aux écarts de prix entre le Maroc et l’étranger. Un médicament vendu 4.800 dirhams dans le Royaume peut coûter moins de 1.000 dirhams à Istanbul ou Madrid. Face à cette colère, le ministère de la Santé a annoncé en mai une réforme « profonde » du système de régulation, défendue par le ministre Amine Tahraoui comme indispensable à la généralisation de l’AMO.
Mais pour les pharmaciens, le texte frappe au mauvais endroit. « On veut baisser les prix des médicaments les moins chers, ceux qui assurent notre équilibre économique », déplore Lahbabi. Selon lui, ce choix pourrait inciter certains laboratoires à se retirer du marché, aggravant des pénuries déjà récurrentes.
Derrière ce conflit se cachent des revendications anciennes : mise à jour d’une loi datant de 1922, droit de substitution, régulation du marché parallèle. Autant de dossiers restés lettre morte malgré des années de discussions avec le ministère.
Pour la CSPM, la mobilisation du 9 septembre se veut donc un avertissement. « Si la réforme passe en l’état, c’est la fermeture de nombreuses pharmacies de proximité qui se profile », alerte Lahbabi. Une perspective qui inquiète autant les professionnels que les patients.