La dernière journée de prière, ce vendredi, a été marquée par une forte mobilisation à travers tout le Maroc en solidarité avec les habitants de Gaza et l’ensemble du peuple palestinien, autour d’un appel à une action plus déterminée, résumé dans le slogan : « Votre silence nous tue ».
Le message est clair : il vise la position actuelle du Royaume, partagée entre l’envoi de vivres et de médicaments d’un côté, et de l’autre, de rares condamnations de l’agression israélienne. Depuis la signature des accords d’Abraham liant Rabat à Tel-Aviv, le Maroc maintient une posture d’équilibre et de retenue face à la situation à Gaza, en s’alignant sur les positions de la Ligue arabe.
Les manifestations répétées ces dernières semaines, organisées par des associations pro-palestiniennes parfois infiltrées par des courants islamistes, se sont multipliées. La dernière en date : un sit-in nocturne devant le Parlement, où le ton s’est fait plus virulent pour exiger des autorités un engagement plus clair afin de contribuer à mettre fin à la guerre et aux souffrances d’une population palestinienne accablée par les bombardements, la famine – particulièrement dramatique pour les enfants – et les pressions constantes à quitter leur terre. Mais, objectivement, le Maroc en a-t-il les moyens ?
Sur le terrain diplomatique, Israël n’écoute plus et ne traite qu’avec son allié américain, rejetant toute autre médiation, sauf lorsqu’il s’agit de la libération de ses otages aux mains du Hamas – sa principale préoccupation afin de contenir la colère des familles qui tentent de paralyser le pays et de provoquer une crise politique susceptible d’entraîner le départ de Netanyahu en cas d’élections anticipées.
À distance du conflit, et avec les mains liées par la priorité nationale du dossier du Sahara, le Maroc fait ce qu’il peut à travers des actions humanitaires. Un engagement que les manifestants pro-palestiniens jugent insuffisant – peut-être injustement, mais qui reflète la difficulté de concilier humanitaire, diplomatie régionale et intérêts stratégiques.
Par Jalil Nouri