Le président américain a certainement voulu faire un geste en direction du Maroc, en raison des liens privilégiés unissant les deux pays. Partout ailleurs dans le monde, il a pourtant durci le ton, y compris envers des pays considérés comme des alliés de longue date, en décidant d’augmenter les taxes douanières ou d’en instaurer de nouvelles.
Tout près de nous, l’Algérie a ainsi été frappée par un régime douanier atteignant 30 %, un traitement choc qui illustre la détérioration profonde des relations entre Washington et Alger.
En revanche, avec le Maroc, c’est un tout autre traitement qui a été réservé : seulement 10 % de droits de douane. Un geste certes plus modéré, mais qui mérite d’être nuancé.
En effet, l’annonce de cette imposition, même allégée, a été mal accueillie dans les milieux économiques marocains. Bien que les exportations marocaines vers les États-Unis ne dépassaient guère 3,5 milliards de dirhams en 2023, les chefs d’entreprise redoutent des bouleversements pénalisants pour l’économie nationale, avec des pertes sèches dans des secteurs stratégiques comme l’agroalimentaire, le textile, et plus gravement encore, l’automobile ainsi que chez l’OCP, leader mondial des phosphates.
Devenu un pays exportateur de véhicules, bien que dépendant de marques étrangères, le Maroc risque de payer un lourd tribut à la politique de taxation américaine, notamment avec les restrictions à l’entrée des voitures européennes et asiatiques sur le marché américain. Cela pourrait entraîner un ralentissement des projets industriels et compromettre la création d’emplois stables dans le Royaume.
Par ailleurs, le Maroc pourrait subir les effets d’une récession mondiale provoquée par ces décisions controversées, avec un impact encore plus fort sur les pays africains.
En somme, bien qu’épargné d’un traitement fiscal aussi sévère que d’autres nations, le Maroc ne pourra éviter les répercussions d’une politique américaine qui bouleverse l’économie mondiale.
Par Jalil Nouri
.