Le marché marocain de la volaille traverse une nouvelle phase de hausse marquée des prix. En cette fin d’été, le kilo de poulet de chair « sortie ferme » avoisine les 19,50 dirhams, contre 15 dirhams en juin et 17 dirhams en juillet. Une progression rapide qui suscite inquiétude et frustration parmi les consommateurs.
Traditionnellement, les prix connaissaient une baisse dès le mois de septembre, mais depuis quelques années, cette tendance s’est inversée. Les mariages et cérémonies, souvent reportés à la rentrée, maintiennent la demande à un niveau élevé, ce qui contribue à la persistance de prix élevés au-delà de la saison estivale.
Les causes ne sont pas uniquement sociologiques. Le cycle de production de la volaille, dépendant de la performance des reproducteurs, reste fragile face aux aléas climatiques. Les fortes chaleurs réduisent la consommation d’aliments par les poulets, ralentissent leur croissance et affectent la fertilité des œufs, ce qui entraîne une offre limitée deux mois plus tard.
S’ajoute à cela une contrainte structurelle : le stress hydrique. Le système de refroidissement des élevages, basé sur la brumisation, exige une eau potable abondante, devenue rare. Certains éleveurs se voient contraints de réduire leurs effectifs, élevant par exemple 40.000 poulets au lieu de 100.000, afin de s’adapter à la disponibilité en eau.
Cette situation fragilise la rentabilité des producteurs, dont les coûts augmentent plus vite que les prix de vente. Pour les ménages, les alternatives restent limitées : acheter en grande quantité et congeler s’avère coûteux et peu pratique.
Malgré tout, la volaille demeure plus abordable que la viande rouge. Les professionnels prévoient une accalmie dès octobre, avec la baisse des températures et de la demande. Mais l’été, marqué par chaleur et pénurie d’eau, continuera de représenter une période critique pour la filière et les consommateurs.