Pour un nouveau contrat social inspiré de la philosophie du football..

Dans notre pays, les ingrédients du mécontentement et les raisons de la colère que sont l’éducation et la santé publique, ne datent pas d’aujourd’hui. Par le passé, au cours des cinquante dernières années au moins, ces revendications avec celles du pouvoir d’achat et du coût de la vie, avaient provoqué des émeutes sociales dont certaines avaient baigné dans le sang.

Une Coupe du Monde, mais sans la philosophie du football !

Aujourd’hui, ce qui a changé c’est que les générations montantes se demandent pourquoi l’Etat arrive à mobiliser des milliards pour les stades de la coupe du Monde, alors que la volonté pour trouver des moyens conséquents pour des secteurs vitaux pour le bien être des populations et pour l’avenir du pays demeure introuvable.

Et avant que cette coupe du monde ne devienne celle de la colère, il est urgent que les décideurs apportent des solutions ! Et si les décideurs n’arrivent pas à se décider pour trouver des réponses, il y a un risque de se retrouver dans l’impasse car la politique c’est trouver des solutions aux problèmes de la cité..

C’est quoi la philosophie du football ?

Un président qui décide de tout ou presque.  Une obligation de résultats , des joueurs sous contrat et un entraîneur qui saute tel un fusible dès que les gradins sont en colère à cause du mauvais rendement de l’équipe et des échecs qui se suivent et se ressemblent..

En effet, dans le monde du football professionnel, le président d’un club, le directeur sportif et le directeur technique se mettent d’accord avec l’entraîneur sur les objectifs à atteindre, avec une obligation de résultats inscrite sur les contrats, et sur les ressources humaines à mobiliser pour atteindre ces résultats.

Et l’entraîneur et ses adjoints doivent rendre des comptes à leur président , et ce dernier  à son tour est redevable en principe devant les actionnaires et l’assemblée qui l’ont choisi pour remplir cette mission !

C’est-à-dire dire les joueurs à recruter selon le budget du club.

En outre , une équipe a des actionnaires et des membres et dans le cas de l’équipe Maroc , celle qui subit le gouvernement Akhanouch, normalement les actionnaires ce sont tous les marocains !

Sinon, beaucoup vont se sentir exclus , marginalisés et sur la touche : et dans ce cas d’espèce, il s’agit de millions de jeunes, de seniors sans pension de retraite et de ménages sans revenus !

En football, comme en gestion publique, soigner la vitrine et renforcer l’attaque n’est pas forcément une bonne tactique, si la défense est laissée pour compte , même si l’entraîneur a un plan B en cas de pépin ou change de tactique à la mi-temps !

Soigner la vitrine et renforcer l’attaque n’est pas forcément une bonne tactique, si la défense est laissée pour compte ! 

 Cette culture de résultats est également adoptée dans les entreprises modernes avec le management, et certaines vont jusqu’à imposer à leurs cadres des résultats à atteindre à la fin de chaque semaine, à la manière des clubs de football qui sont confrontés à la réalité du terrain à chaque rencontre.

Le football est certainement le miroir de la société , avec entre autres les inégalités et la corruption et à l’international, il reflète carrément la géopolitique qui sévit avec les grandes puissances qui veulent garder leur suprématie et quelques nations émergentes qui cherchent à bousculer la hiérarchie pour se trouver une place parmi les grands de ce monde !

Miroir de la société , avec  les inégalités et la corruption !

Et à ce sujet, un joueur qui ne mouille pas le maillot et n’honore pas le drapeau qu’il représente doit être mis sur la touche car il pénalise son équipe et s’attire les foudres du public .

Un public qui constate , à ses dépens et à ses frais, que le train de vie de son équipe est exagéré par rapport au rendement médiocre !

Cela devrait être la même chose pour les ministres sans valeur ajoutée !

Et cette culture est également la norme auprès d’un système politique démocratique où l’intérêt général est primordial et non pas une notion vague qui se dilue dans le rapport de forces qui secoue et régit la vie sociopolitique.

S’il est arrivé au Maroc qu’un arbitre ait donné la fessée à des joueurs, il est également arrivé en Amérique du Sud qu’un arbitre ait reçu une raclée de la part d’une équipe qui n’a pas apprécié qu’il siffle un penalty inexistant !

Mais, plus généralement si tous les arbitres dans le monde entier se font vilipender et insulter par le public, car ce dernier a besoin de se défouler dans un stade de football, jamais un arbitre ne sort de carton rouge pour les spectateurs et jamais il n’ira les poursuivre en justice pour injures publiques ! N’est-ce pas Mr Ouahbi !?

Obligation de résultats !?

Ce qu’il y a d’extraordinaire avec le football, c’est qu’il renferme tous les antagonismes qui secouent la société : corruption, violences, inégalités, disparités régionales , racisme et rivalités entre villes . Disparités régionales car malheureusement, un club qui n’est pas de Rabat ou de Casablanca n’a pas les mêmes moyens ni le même traitement médiatique.

La var !?

Pour toute action litigieuse, hors-jeu, faute grave ou penalty, l’arbitre peut recourir à la var pour revoir en vidéo ce qu’il n’a pas forcément vu en temps réel. Seulement voilà, comme la var est  » manipulée par des humains » , il y a toujours des risques d’erreurs humaines voire de corruption pour favoriser telle équipe.

Au gouvernement, la var devrait fonctionner pour les marchés publics, pris en étau entre opacité et obligation de transparence, et pour tous les dossiers pour lesquels le citoyen a en principe un droit d’accès à l’information.Avec la VAR , notre pays aurait rattrapé tout le temps perdu en ce qui concerne la lutte contre la corruption, l’enrichissement illicite et la fuite des capitaux..

La colère peut facilement monter quand le public soupçonne certains joueurs de lever le pied  et d’avoir vendu le match !

Maintenant, au lieu de laisser le public enrager avec cette boule de neige que certains marginaux voudraient transformer en violence et en vandalisme ( oui oui même dans les stades de football, il y a toujours des voyous qui profitent des erreurs d’arbitrage pour foutre la pagaille et mettre le feu aux tribunes) , il nous faut un nouveau départ avec de nouvelles règles et un souffle nouveau !

On remet la balle au centre !

On remet la balle au centre, si l’entraineur est mauvais ou incompétent vu ses résultats mitigés, on le change et s’il pouvait démissionner comme le réclame les foules ce serait mieux.

On remet la balle au centre, et les joueurs qui n’ont pas le niveau ou qui ne sont pas dignes de porter ce maillot, doivent le rendre dans les plus brefs délais.

 On remet la balle au centre, avec un nouveau contrat social, avec des acteurs capables de remplir la mission.

Il  noua reste quatre ans et demi d’ici cette fameuse coupe du Monde 2030 pour éviter un rendez -vous raté ,  et si cette colère n’est pas comprise et contenue, la boule de neige va nous mener droit vers la coupe du Monde de la colère et du mécontentement.

Pour défendre nos couleurs, le bon sens exige qu’ il faut choisir les meilleurs avec le meilleur système de gouvernance , le train  de vie le plus rationnel ,et le meilleur modèle socio-économique, c’est à dire le plus compétitif, avec un rendement optimal entre l’efficacité et le coût !

Oui , sans peur de me fourvoyer, le Maroc a besoin d’urgence d’un contrat social novateur et ambitieux pour dépasser la conjoncture conflictuelle qui sévit actuellement et aller de l’avant.

Par Hafid Fassi Fihri