Il est de coutume que les chefs d’État français s’expriment lors de conférences de presse à la fin de leur visite officielle au Maroc. Mais tel n’a pas été le cas pour Emmanuel Macron qui, contrairement à ses prédécesseurs, a préféré choisir deux télévisions publiques « sûres », à l’information contrôlée, qui éviteront a priori toute question qui fâche et tout sujet susceptible de soulever des polémiques inutiles et inopportunes.
Le service de presse de l’Élysée et l’ambassade de France au Maroc, organisateurs prudents de cet entretien, ont défini à l’avance, en accord avec les responsables des deux chaînes, les thèmes abordés pour éviter que des sujets délicats ne viennent assombrir l’événement.
Parmi les sujets soigneusement évités, citons, en vrac, la déclaration du président français devant le Parlement sur la responsabilité d’Israël dans son « génocide des Palestiniens », qui a provoqué une réaction fracassante du leader islamiste du PJD. Citons également l’absence de mention sur l’ouverture d’un consulat de France au Sahara (et non une simple représentation culturelle), ainsi que le flou autour de l’attribution des visas et la condition posée par la France concernant le rapatriement des ressortissants marocains détenus en France, y compris les adolescents. Le ministre français de l’Intérieur, Retailleau, artisan de cette réforme et membre de la délégation française, a lui-même atténué ses propos pour ne pas heurter le gouvernement marocain.
Il serait fastidieux d’énumérer toutes les questions éludées par les deux journalistes au cours de l’entretien avec Macron, afin de ne pas lui gâcher les dernières heures de sa visite et de préserver les retombées positives de son allocution devant les parlementaires réunis pour l’applaudir.
Il est important de noter qu’une conférence de presse, avec la présence massive de journalistes français — ils étaient plus de 200 — habitués à poser des questions embarrassantes à leur président, aurait très probablement causé des remous. C’est pourquoi la décision a été prise de l’éviter pour réduire tout risque de mauvaises surprises. Il est de notoriété publique en France que la composition de la délégation lors de ce voyage faisait l’objet de critiques.
Macron, bien plus à l’aise face à deux journalistes marocaines veillant à son confort, a sans doute préféré cette option aux assauts d’une presse française prête à lui poser des questions dérangeantes.
Par Jalil Nouri