Dans un monde en recomposition, marqué par la fin d’une mondialisation fluide et l’émergence de rivalités géopolitiques accrues, le Maroc trace son chemin avec constance et ambition. Selon l’édition 2025 de l’Indice de Présence Mondiale Elcano, le Royaume se hisse à la 52e place mondiale, confirmant son ancrage international croissant.
Élaboré par l’Institut royal Elcano, un think tank espagnol spécialisé en relations internationales, cet indice évalue l’influence globale de 150 pays selon trois grands axes : l’économie, le militaire et le soft power. Si les États-Unis, toujours en tête avec un score impressionnant de 3438 points, surclassent nettement la Chine (1978 pts), le Maroc, avec 37,7 points, consolide sa présence à l’échelle régionale, continentale et mondiale.
Une percée marocaine mesurée et significative
Le Royaume se distingue notamment par sa capacité à équilibrer ses efforts entre les trois dimensions stratégiques. Sur le plan économique, il se classe 55e avec 15,2 points, illustrant l’effet de ses réformes économiques, de son ouverture commerciale et de son rôle grandissant dans les chaînes de valeur mondiales.
En matière militaire, le Maroc enregistre 13,4 points, grâce notamment à sa coopération régionale, sa présence dans les missions de maintien de la paix et la modernisation continue de ses forces armées. Cette note le positionne comme un acteur sécuritaire crédible dans la région sahélo-saharienne.
C’est dans le domaine du soft power que le Royaume affirme son originalité, obtenant 9,1 points. Grâce à sa diplomatie religieuse, culturelle et académique, ses politiques migratoires équilibrées et son rayonnement artistique, le Maroc développe une influence douce qui séduit au-delà des cercles traditionnels.
Une stature régionale affirmée
Parmi les pays arabes, le Maroc est 7e, précédé par les poids lourds du Golfe et l’Égypte, mais devançant des voisins stratégiques comme la Tunisie ou la Libye. En Afrique, il se positionne 4e, juste derrière l’Égypte (35e), l’Afrique du Sud (38e) et l’Algérie (49e), mais loin devant plusieurs autres pays du continent.
Ce positionnement est le fruit d’une stratégie multidimensionnelle cohérente, combinant investissement massif dans les infrastructures, diplomatie proactive et présence économique sur les marchés africains. À cela s’ajoutent des efforts notables dans les domaines scientifique, technologique et universitaire qui permettent au pays d’améliorer son attractivité.
Un monde en transition, des enjeux accrus
L’Indice 2025 signale également une mutation du système international. Si le soft power avait dominé l’après-guerre froide, l’ère actuelle voit un retour du hard power, militaire et protectionniste. Dans ce contexte, des pays comme le Maroc, qui ont misé sur la diversification de leurs leviers d’influence, sont mieux préparés à tirer leur épingle du jeu.
Comme l’a souligné Manuel Garcia, coordinateur du rapport, le protectionnisme est désormais vu comme une arme diplomatique. Le Maroc devra donc naviguer avec prudence dans un monde où l’unilatéralisme et la méfiance vis-à-vis des dépendances extérieures gagnent du terrain.