Le décès du Cheikh Jamal Eddine Boutchichi, figure de proue de la confrérie marocaine la plus connue à l’échelon international, a laissé dans son sillage des déchirures amères, des conflits fraternels et une crise de succession qui ont plongé des millions de fidèles dans l’expectative quant à l’évolution de la situation au sein de cette zaouïa.
Ni la disparition du grand-père, Cheikh Hamza, ni celle de son fils, Jamal Eddine, n’avaient laissé présager qu’un jour apparaîtraient reniements et dissensions au sein de cette lignée familiale qui, normalement – et comme annoncé ici-même – devait vivre une transition en douceur, faisant de Mounir, le fils le plus « occidentalisé, réformateur et moderniste », le successeur désigné par le père récemment disparu.
Mais cette désignation aurait été remise en cause par un autre prétendant à la chefferie de la confrérie, la plus importante du Royaume, aux ramifications mondiales : le propre frère de Mounir, Mouâad. Pour la première fois, ce conflit a été porté sur la place publique et dans les médias, exposant les fidèles adeptes – les mourides – à une situation surprenante et inquiétante, au point de se demander si une implication étrangère n’était pas en jeu, le choix de Mounir ne convenant pas, pour diverses raisons, dont celle de l’ouverture de la confrérie vers d’autres horizons.
Un communiqué publié par Mounir Kadirti Boutchichi est toutefois venu rassurer sur la continuité et « siffler la fin de la crise », présentée par certains comme un semblant d’éclatement à venir.
Par Jalil Nouri