Le procès d’Abdelnabi Baïoui, ex-président de la région de l’Oriental, et de Saïd Nasri, ancien président du Wydad Casablanca, accusés dans l’affaire liée au narcotrafiquant surnommé « Escobar du Sahara », a révélé de nombreuses contradictions et contestations de la part de leurs avocats. Ces derniers ont mis en lumière des incohérences dans les procès-verbaux de la police judiciaire, tout en critiquant les violations présumées des procédures légales.
Mohamed El Hossein Krouit, avocat de Bïoui, figure influente du Parti Authenticité et Modernité (PAM), a dénoncé des erreurs flagrantes dans les procès-verbaux. Il a relevé que les documents indiquaient que la société du narcotrafiquant malien avait envoyé cinq camions, suivis de deux autres de couleur rouge, à Bïoui. Cependant, les déclarations de « l’Escobar du Sahara » n’identifient pas clairement l’expéditeur des camions ni les circonstances précises de leur envoi.
Krouit a également pointé une contradiction majeure concernant une saisie de 2015 : les procès-verbaux mentionnent un camion rouge alors que les déclarations initiales indiquaient une couleur jaune. Il a qualifié ces erreurs d’atteinte au droit à un procès équitable.
L’avocat a également évoqué des infractions aux articles 18 et 24 du Code de procédure pénale, insistant sur l’importance de respecter les règles formelles de l’enquête préliminaire jusqu’au jugement. Selon lui, ces manquements constituent un préjudice grave à son client.
De son côté, Jamal Eddine Krouani, avocat de Naciri, a soulevé la question de la prescription des accusations portées contre son client. Les faits reprochés, remontant à 2013, relèveraient de délits prescrits, conformément à l’article 54 du Code de procédure pénale qui fixe un délai de prescription de quatre ans. Krouani a donc demandé l’arrêt des poursuites à l’encontre de Nasri.
L’avocat de Naciri a également dénoncé les écoutes téléphoniques dont son client a fait l’objet, estimant qu’elles violaient la confidentialité des échanges politiques et partisans. Il a soutenu que ces écoutes reposaient sur une suspicion de formation de bande criminelle, suspicion qui n’a pas été confirmée par l’enquête.
Concernant les accusations de détournements financiers, Krouani a fermement contesté l’existence de sommes présumées, soit 89 millions de dirhams sur le compte de Naciri et 42 millions sur celui de son fils. Il a même proposé de faire don de ces montants si leur existence était prouvée. L’avocat a également regretté que des témoins ayant soutenu financièrement Naciri pour présider le Wydad Casablanca n’aient pas été entendus par la police judiciaire.
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