Alors que le Maroc s’apprête à accueillir des événements d’envergure internationale, dont la Coupe du Monde de football 2030, l’image qu’il projettera sera scrutée à la loupe. Or, le défi de la propreté publique et la problématique des dépôts sauvages d’ordures constituent une ombre au tableau de ces ambitions. Face à l’inefficacité relative des campagnes de sensibilisation, l’instauration d’un cadre réglementaire plus strict, incluant des sanctions financières dissuasives, apparaît comme une voie incontournable pour garantir un environnement à la hauteur des enjeux.
Le Royaume du Maroc est à la veille d’une décennie qui pourrait s’avérer transformatrice. L’organisation conjointe de la Coupe du Monde de football en 2030, aux côtés de l’Espagne et du Portugal, ainsi que d’autres manifestations d’ampleur, représente une vitrine exceptionnelle. Ces événements sont autant de leviers pour dynamiser le secteur touristique, pilier de l’économie nationale, et pour asseoir le Maroc comme une destination de premier plan. Cependant, cette projection vers l’avenir se heurte à une réalité tangible et préoccupante : la persistance des comportements inciviques en matière de gestion des déchets. Le spectacle des détritus jonchant espaces publics, artères principales et zones vertes dans de nombreuses villes marocaines constitue une dissonance majeure avec l’image d’un pays moderne et accueillant.
Au-delà de l’impact visuel délétère, cette situation engendre des conséquences sanitaires et environnementales sérieuses. L’accumulation des déchets crée des foyers infectieux, favorisant la prolifération d’insectes et de rongeurs, et dégage des effluves nauséabonds. La contamination des sols et des ressources hydriques est une autre externalité négative, affectant directement la qualité de vie des citoyens et, par ricochet, l’expérience offerte aux visiteurs étrangers, dont la satisfaction est cruciale pour la compétitivité touristique du Maroc.
Face à ce constat, les initiatives traditionnelles de sensibilisation, bien que louables et nécessaires, démontrent leurs limites. Elles ne suffisent plus à endiguer un phénomène qui semble ancré dans certaines habitudes. Un changement de paradigme s’impose donc, impliquant une transition vers des mesures plus coercitives. L’introduction d’un arsenal juridique robuste, prévoyant des amendes pécuniaires significatives pour tout acte de dépôt illégal de déchets – qu’il soit le fait de particuliers ou d’entités juridiques (entreprises, commerces) ne se conformant pas aux réglementations en vigueur – devient une urgence.
L’expérience internationale offre d’ailleurs des exemples probants quant à l’efficacité de telles mesures. Singapour, réputée pour sa propreté exemplaire, applique des amendes substantielles, pouvant s’élever à plusieurs milliers de dollars et parfois assorties de travaux d’intérêt général. De même, le Rwanda, et Kigali en particulier, a réussi une transformation notable de son environnement urbain grâce à des politiques similaires couplées à un fort engagement communautaire. Des nations européennes ainsi que les Émirats Arabes Unis ont également mis en œuvre des systèmes d’amendes, dont l’effet dissuasif a contribué à l’amélioration de la salubrité publique.
L’adoption d’une telle approche au Maroc nécessiterait un dispositif intégré. Cela impliquerait l’élaboration ou l’actualisation de la législation afin de définir précisément les infractions et de fixer des amendes proportionnelles au préjudice causé. Il s’agirait également de mettre en place ou de renforcer des mécanismes de contrôle et d’application efficaces, tels qu’une police de l’environnement spécialisée ou des inspecteurs assermentés, appuyés par les technologies modernes. Parallèlement, le lancement de campagnes d’information sur ce nouveau régime de sanctions s’avérerait crucial, tout comme la mise à disposition d’infrastructures adéquates, notamment des conteneurs en nombre suffisant et judicieusement répartis.
En définitive, l’élévation du niveau de propreté des cités marocaines n’est pas une simple option, mais une condition sine qua non du succès des futures échéances internationales et du renforcement de l’attractivité globale du Royaume. Loin d’être une démarche purement répressive, l’institution de sanctions financières constitue un investissement stratégique pour l’image de marque du Maroc, pour la santé de ses habitants et pour son avenir économique. La concrétisation de cet objectif ambitieux exigera une volonté politique sans faille et une mobilisation citoyenne élargie.
Par Zakaria Berala