Le geste a surpris. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a reçu, ce lundi 28 juillet 2025, l’écrivain et intellectuel Rachid Boudjedra, figure littéraire reconnue mais également connue pour ses positions tranchées sur la question du Sahara. Une rencontre qui, au-delà de son caractère culturel apparent, soulève des interrogations majeures dans un contexte diplomatique crispé entre Rabat et Alger.
Car Boudjedra n’est pas un auteur anodin. Il fait partie des rares intellectuels algériens à avoir publiquement affirmé et réaffirmé que « le Sahara est marocain », s’appuyant sur des arguments historiques, géographiques et juridiques solides. Plus encore, il n’a cessé de plaider pour une réconciliation entre les deux peuples frères, appelant à dépasser les logiques de confrontation pour renouer avec le dialogue, la coopération et le bon voisinage.
En choisissant de lui ouvrir les portes du palais présidentiel, Tebboune envoie-t-il un signal ? S’agit-il d’une manœuvre symbolique pour sonder l’opinion ou d’une ouverture timide vers un apaisement tant espéré ? Difficile à dire pour l’instant, tant la posture officielle algérienne reste campée sur un soutien rigide aux séparatistes du Polisario.
De son côté, le Maroc, sous l’impulsion visionnaire du roi Mohammed VI, n’a jamais fermé la porte. Depuis des années, le souverain marocain multiplie les appels à la fraternité, tendant la main à l’Algérie à plusieurs reprises, y compris dans ses discours royaux les plus solennels. Une main restée sans réponse jusqu’ici, malgré les liens historiques, culturels et humains indéfectibles qui unissent les deux nations.
Alors que le Maghreb peine à bâtir un avenir commun, et que les défis géopolitiques ne cessent de croître, cette rencontre entre Tebboune et Boudjedra pourrait être interprétée comme un frémissement, un test, ou même un pas. Certes insuffisant, mais peut-être annonciateur d’un réveil. L’histoire, souvent faite de gestes et de symboles, saura nous dire si celui-ci était précurseur… ou anecdotique.
Par Salma Semmar