Le crépuscule de l’empire américain coïncide avec la montée en puissance des BRICS et la perte d’influence du dollar, vient de déclarer à Sputnik l’économiste américain Richard Wolff
Quand l’Amérique tombera
Il était une fois l’Amérique
« Quand la chine se réveillera , le monde tremblera ! » écrivait Alain Peyrefitte il y a exactement cinquante ans !
Aujourd’hui , il faudra s’habituer à s’exclamer : quand l’Amérique tombera , le monde comme nous l’avons connu jusqu’à présent risque de s’effondrer !
La suprématie des États-Unis, qui ont succédé au Royaume-Uni comme puissance dominante vers 1920, touche à sa fin. Un nouveau bloc est en train d’émerger autour des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), a expliqué à Sputnik l’économiste américain Richard Wolff.
Ce bloc est appelé à prendre de plus en plus de poids dans les échanges économiques mondiaux. Ils sont d’ores et déjà devenus les premiers producteurs de biens et de services, rappelle le spécialiste.
« Les BRICS représentent désormais 33%, soit un tiers de la production totale de biens et de services sur cette planète, alors que les États-Unis et leurs alliés sont passés à moins de 30% […] Je pourrais vous donner dix autres statistiques et elles pointent toutes dans la même direction. C’est un empire qui décline », explique-t-il en toute assurance.
Un empire qui décline
Les États-Unis ont par ailleurs perdu plusieurs guerres durant ces dernières décennies, du Vietnam à l’Afghanistan en passant par l’Irak. Et le conflit en Ukraine ne devrait pas changer la donne, souligne Richard Wolff.
Dans les faits , la messe est bel et bien dite car la Chine a devancé l’Amérique sur un certains nombres de domaines , elle devrait accentuer son avance dans des secteurs très sensibles et dépassé Washington sur d’autres volets au cours des trois prochaines décennies !
Pour l’Europe, l’heure du choix est également arrivée, puisque que le continent est « en train de perdre la guerre économique avec la Russie ».
Les Européens vont devoir se demander s’ils veulent accompagner la dégringolade américaine ou se ranger du côté des BRICS, souligne l’économiste. Début avril, le Président français Emmanuel Macron avait d’ailleurs déjà montré des signes d’agacement, remettant en cause l’extraterritorialité du dollar.
L’heure du choix !
Les Américains prendront -t-ils le risque de déstabiliser le monde en s’attaquant au leadership économique de la Chine ?
Ceci car si Pékin venait à tousser , les Brics ne tarderaient pas à s’enrhumer !
Quelle que soit l’attitude que prendra l’UE et la Grande Bretagne, quels que soient les recommandations du FMI , de l’OMC et du G7 , une nouvelle ère avec de nouveaux paradigmes géopolitiques est en train de se mettre en place et les tentatives de déstabilisation, d’intimidation et de sabotage de Washington n’y changeront rien même si elles peuvent provoquer énormément de dégâts et avoir des conséquences fracassantes sur la planéte.
Depuis la fin des années 1970, les capitalistes américains ont toujours entretenu de bonnes relations avec les autocrates chinois, sous l’œil bienveillant de Washington. Le Parti communiste chinois leur offrait une main-d’œuvre considérable et corvéable à merci. Eux en ont profité pour délocaliser leurs usines et préserver leurs profits.
La Chine, locomotive de l’économie mondiale
Après un bon premier trimestre, la croissance chinoise a, de nouveau, freiné en avril et en mai. Un plan de relance est envisagé, mais les problèmes structurels sont considérables. L’immobilier et les exportations sont en berne, et placent l’industrie en difficulté.
L’euphorie a été de courte durée. En début d’année, la levée des restrictions liées au Covid-19 en Chine avait soulevé une vague d’optimisme pour l’économie mondiale. Le premier trimestre avait été meilleur que prévu, avec une croissance du PIB de 4,5 % sur un an et de 2,2 % sur un trimestre. Mais l’effet de rattrapage n’a pas duré.
La croissance chinoise est un pilier important de la situation conjoncturelle mondiale. Dans un contexte plus que morose en Occident, le Fonds monétaire international (FMI) avait indiqué mi-avril qu’au cours des cinq prochaines années, et comme depuis 2008, la Chine continuerait d’être la béquille du capitalisme mondial.
Elle devrait apporter 22,6 % de la hausse prévue du PIB de la planète, soit le double de ce qu’apporteraient les États-Unis, et près de vingt fois la contribution prévue de la France.
A l’heure actuelle, même si des faisceaux d’indices concordants laissent supposer que la descente aux enfers du dollar est enclenchée de manière inéluctable et irréversible et qu’elle représente la partie visible du déclin de l’empire américain, il est quasiment impossible de prévoir combien de temps cela prendra !
Ainsi, l’impérialisme américain va-t-il se laisser faire ou la machine de guerre américaine va-t-elle se mettre en ordre de marche pour préserver ce qui peut encore être sauvé des intérêts stratégiques des Etats- Unis. !?
Combien de pays risquent d’être emportés par la bourrasque et les tempêtes de la grosse dépression, du krach boursier annoncé, de la crise financière qui menace , du choc pétrolier ,et de l’explosion de l’inflation et la crise énergétique !?
Outre la guerre d’Ukraine qui a pour objectif d’affaiblir la Russie sur le plan économique et qui n’a réussi qu’à perturber les circuits mondiaux des céréales et des engrais , et hormis les guerres commerciales menées par Washington contre Pékin , faudra- il s’attendre à d’autres fronts et à une riposte contre les Brics ?
Les huit -cent bases militaires du Pentagone à travers le monde ne sont-elles pas désormais une cible de choix surtout après la perte d’influence américaine au moyen et proche Orient dont particulièrement auprès de l’Arabie Saoudite !?
Alors, combien d’épidémies , de virus et de guerres le monde devra-t-il supporter à l’avenir pour que l’Amérique puisse affaiblir les économies russes et chinoise !? Le monde peut-il connaître toutefois la prospérité sans le parapluie de l’hégémonie américaine si cette dernière impose des tensions qui entrave la prospérité de la Russie, celle de la Chine et du monde entier ?
L’heure du choix est venue pour l’Europe et pour nous autres africains !
Le sort en est jeté !
Par Hafid Fassi Fihri