Le pape met le président français devant ses responsabilités, en martelant le devoir de solidarité des européens face à la détresse des migrants
Au cours d’une messe géante, le Pape François a prié pour les migrants noyés en Méditerranée et appelé les européens à une solidarité accrue avec ceux qui arrivent sur le continent
Le pape François etait en visite pour deux jours à Marseille. Son choix de la ville pour aborder la question migratoire n’était absolument pas fortuit !
En effet , dans la cité Phocéenne les autorités ecclésiales cultivent depuis 50 ans un esprit de dialogue manifeste , malgré de vrais freins et des résistances certaines.
Alors que le pape se rendait en France pour parler d’immigration, beaucoup lui ont reproché de tenir un discours trop politique , une semaine après le drame de Lampedusa où près de huit mille migrants avaient débarqué en provenance de Tunisie et de Libye.
Et les réactions ont été plutôt virulentes et très critiques du côté de la Droite, de l’extrême Droite bien entendu et même de la Gauche.
Le pape François est-il pour autant plus politisé que ses prédécesseurs?
Certains le trouvent trop progressiste , d’autres pas assez mais il est certain que le Pape François a prouvé à maintes occasions , au cours de dix ans de pontificat , qu’il était un sacré provocateur. » Je ne vais pas en France, je vais à Marseille ! » : avait -il averti en ironisant au départ de son avion !
Traditionnellement, un Pape ne fait pas de politique mais lorsque le président français se permet de faire entorse au principe de laïcité et de neutralité de l’Etat en participant à la messe organisée au stade vélodrome de Marseille , le Pape François n’a pas hésité à infliger à Macron des leçons politiques à travers une diatribe appelant à un sursaut et à un éveil des consciences .
Les papes disent constamment qu’ils ne font pas de politique politicienne, mais que le fait d’être chrétien impose à chacun de s’inscrire dans la réalité sociale en suivant les normes éthiques définies par l’Évangile. Le pape François s’inscrit ainsi logiquement dans une tradition constante de l’Église…
Le pape François a martelé samedi , au second jour de sa visite à Marseille, que les migrants qui « risquent leur vie en mer » pour gagner l’Europe « n’envahissent pas »,
» De berceau de l’humanité , la Méditerranée devient aujourd’hui le tombeau des migrants. Ceux qui se réfugient chez nous ne doivent pas être considérés comme des fardeaux. Ils doivent être accueillis , protégés et intégrés ! »
Le pape ainsi a également dénoncé les « nationalismes archaïques et belliqueux », l’odieux trafic migratoire et le fanatisme de l’indifférence et a appelé à une « responsabilité européenne » face au phénomène migratoire Il s’est aussi immiscé dans le débat français sur la fin de vie et a dénoncé l’IVG.
Il faut dire que le Pape François a fait de la question migratoire l’une des priorités de son pontificat. Avec une approche radicalement différente de l’ambition affichée par Emmanuel Macron pour son quinquennat.
N’ oublions pas qu’en France , la question migratoire est désormais un enjeu politique majeur , beaucoup plus qu’ailleurs en Europe et l’on se souvient comment , lors de la dernière élection présidentielle , l’épouvantail Zemmour était l’acteur principal sur toutes les chaines d’actualité qui semblent unanimes sur le fait de cultiver la peur des étrangers auprès des français , dont une très grosse proportion est issue de l’immigration ! !
En attendant , si c’est cette peur qui permet à Macron de « gouverner », on en reparlera certainement en 2027 lorsque Marine Lepen sera élue, voire même Eric Zemmour !
L’immigration , un enjeu politique majeur.
Alors que le gouvernement français lorgne à droite pour faire adopter un texte visant à faciliter les expulsions, le lointain successeur de Pierre a profité de son discours pour inviter le gouvernement français à «accueillir» et «intégrer»
Dénonçant la «propagande alarmiste» des «nationalismes archaïques et belliqueux», il s’est appuyé sur une forme de «en même temps» pour tenter de répondre aux inquiétudes sur le sujet : «Marseille est une ville à la fois plurielle et singulière, car c’est sa pluralité (…) qui rend son histoire singulière».
«Ceux qui se réfugient chez nous ne doivent pas être considérés comme un fardeau à porter ; si nous les considérons comme des frères, ils nous apparaîtront surtout comme des dons», a-t-il poursuivi. Et d’ajouter que «la solution n’est pas de rejeter, mais d’assurer, selon les possibilités de chacun, un grand nombre d’entrées légales et régulières, durables grâce à un accueil équitable de la part du continent européen, dans le cadre d’une collaboration avec les pays d’origine».
«Il y a une véritable convergence sur le fait de chercher des solutions au niveau européen à ces questions et dans un partenariat plus large avec les pays de départ», soutenait-on d’ailleurs récemment à l’Élysée, où l’on considérait qu’il «ne faut pas chercher les oppositions permanentes» avec le Vatican.
Il n’empêche, la distinction que les conseillers présidentiels esquissent entre «la politique et la spiritualité» s’est fracassée sur un autre projet de loi de l’exécutif, où se confondent justement «le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel» : le texte à venir sur la fin de vie, qui prévoit notamment d’autoriser le suicide assisté.
«Qui écoute les gémissements des personnes âgées isolées qui, au lieu d’être valorisées, sont parquées dans la perspective faussement digne d’une mort douce, en réalité plus salée que les eaux de la mer ?», a feint d’interroger le Pape François, dans une diatribe sur le «faux droit au progrès». Une question rhétorique, à laquelle Emmanuel Macron n’a sans doute pas répondu.
Soutien inconditionnel de l’accueil des migrants, cette passion du souverain pontife est issue de sa propre histoire familiale.
Depuis le début du pontificat, le pape soutient les migrants comme l’une de ses priorités, encourageant un accueil sans condition.
Une position que, depuis peu, il corrige face aux tensions européennes. La passion du pape François pour la question des migrations vient de très loin. Ses grands-parents italiens avaient dû quitter le pays pour chercher du travail en Argentine.
À Buenos Aires, la vie du jeune Bergoglio a été baignée de la nostalgie du pays chéri. Si son père imposait la langue espagnole et la culture argentine à ses enfants pour qu’ils n’apparaissent pas comme des immigrés, allant jusqu’à corriger leur accent, tout respirait l’Italie dans la maison.
Les Bergoglio ont travaillé dur et ont réussi à s’intégrer à la petite bourgeoisie locale. L’un des enfants entrera même chez les Jésuites, ordre religieux élitiste qui n’admet pas n’importe qui dans ses rangs.
La trace intime de ce passé d’immigrés européens en Amérique latine habitera toujours le père Bergoglio, puis l’évêque , et fort heureusement le Pape !
Pour terminer , si Dieu reconnait toujours les siens , il est aisé de comprendre que le Pape et le président français ne soient pas d’accord sur l’accueil et le devoir de solidarité envers les migrants car ils ne sont pas animés des mêmes sentiments et n’ont pas la même idéologie !
Macron a ainsi répondu que la France n’avait pas vocation à pas recevoir toute la misère du monde , mais qu’elle ferait sa part dans le cadre de l’effort européen , et pour notre part l’on comprend mieux ainsi le concept de la séparation de l’Etat et de l’Eglise !