Figure de continuité et d’élégance, le Roi Mohammed VI a imposé au fil des années une signature vestimentaire qui inspire bien au-delà du protocole. Que ce soit lors de cérémonies officielles au Maroc ou à l’étranger, le Souverain assume avec constance la djellaba “bziouia”, pièce d’exception des maîtres tisserands, souvent déclinée dans des teintes vives et terroir – bien loin du seul registre blanc ou beige. Ce choix chromatique, devenu marque de fabrique, réaffirme la vitalité d’un patrimoine vivant.
L’allure tient aussi à l’art des associations : tunique coordonnée, babouches et tarbouche signent une silhouette à la fois authentique et contemporaine. L’équilibre entre héritage et modernité s’y lit en creux : une tenue traditionnelle portée avec l’exigence d’une haute mesure, mais aussi avec la liberté d’un style personnel, que le Roi alterne avec le costume occidental selon le contexte.
À mesure que les années ont consolidé ce parti pris, le Souverain semble affiner lui-même la palette et les textures en fonction des circonstances publiques. Les nuances safran, pistache, bleu indigo, rouille ou sable dialoguent avec les saisons, les lieux et les symboles, rappelant combien la couleur occupe une place centrale dans l’art textile marocain.
Effet miroir, les élites urbaines et la diaspora ont suivi le mouvement : regain d’intérêt pour la djellaba fine, commandes sur mesure, relecture des coupes pour mariages, fêtes religieuses et réceptions. Le phénomène s’inscrit dans une tendance plus large où le “made in Morocco”, de l’artisanat d’art aux maisons de couture locales, gagne en visibilité et en valeur perçue. À l’image d’autres préférences royales devenues références, la djellaba de facture noble s’est imposée comme signe discret de distinction.
Au-delà de l’effet de mode, c’est une pédagogie silencieuse du patrimoine qui s’opère : réhabiliter la qualité des ateliers, encourager la transmission des savoir-faire, et prouver qu’un vêtement traditionnel peut demeurer pertinent, désirable et contemporain. Un style qui s’ancre, et qui semble promis à durer, sous le signe de l’authentique élégance marocaine.
Par Salma Semmar










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