De tout temps appréciée par les Marocains au fil des générations, il aura fallu attendre une succession de six années de sécheresse et l’appât du gain des spéculateurs pour voir l’huile d’olive se raréfier sur les tables, n’existant qu’en quantité réduite, mais à des prix faramineux. Des prix tels qu’ils dissuadent d’en consommer ou même d’envisager de s’en approvisionner.
Avec un prix décourageant d’un minimum de 120 DH pour une huile d’olive de qualité moyenne, les Marocains, pourtant friands de ce produit excellent pour la santé, renoncent pour l’instant à passer à la caisse. Il y a encore peu, ils pouvaient l’acquérir pour la moitié de ce prix.
Surfant sur cette vague, les adeptes des produits contrefaits agissent en plein jour dans les souks des régions productrices, écoulant un semblant d’huile, colorée et aromatisée avec des produits chimiques. L’acheteur, hélas, ne découvre souvent la supercherie qu’une fois arrivé chez lui.
Pour les plus nantis, l’huile en provenance de pays riverains de la Méditerranée, vendue dans les grandes surfaces, se négocie à des prix atteignant jusqu’à 200 DH le litre, avec une qualité bien inférieure à celle des huiles marocaines des années fastes, lorsque les oliviers généreux satisfaisaient la demande nationale à des prix défiant toute concurrence. À cette époque, l’accès au marché marocain était fermé aux huiles d’olive étrangères, aujourd’hui omniprésentes dans les supermarchés.
Que dire aussi des cultivateurs désabusés qui, en raison de récoltes d’olives impropres à la transformation en huile, sont contraints de les vendre à bas prix pour d’autres usages.
Un véritable drame en cette année difficile pour l’agriculture marocaine, un drame qui n’est pas près de s’achever. Bon nombre de fellahs ont décidé de laisser leurs arbres au repos tant que les perspectives hydriques restent négatives, quitte à abandonner l’espoir de préserver leurs oliveraies.
Par Jalil Nouri
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