Longtemps cantonnée aux manuels de géologie, la dynamique des plaques tectoniques s’invite aujourd’hui dans le débat public avec une projection aussi fascinante que vertigineuse : le Maroc se rapproche physiquement de l’Espagne, et dans une moindre mesure du Portugal, à raison de quelques millimètres par an. Un mouvement imperceptible à l’échelle humaine, mais lourd de conséquences à l’échelle géologique.
Selon des scientifiques reconnus, la plaque africaine poursuit inexorablement sa progression vers le nord, tandis que la péninsule Ibérique subit un effet de pivotement, notamment sous l’influence d’une activité sismique marquée du côté du Portugal. Ce lent glissement pousserait progressivement l’Espagne vers l’est, rapprochant mécaniquement ses terres du nord marocain. À terme, dans un horizon estimé à près de 10 millions d’années, ce mouvement pourrait aboutir à un scénario spectaculaire : la fermeture du détroit de Gibraltar et la formation de frontières terrestres entre l’Afrique et l’Europe.
Un tel bouleversement redessinerait la carte du bassin méditerranéen, réduisant son ouverture sur l’Atlantique et transformant profondément les équilibres géographiques. Les régions du sud de l’Espagne et du nord du Maroc pourraient alors se rejoindre, rappelant, à une autre échelle, la situation actuelle des enclaves espagnoles de Sebta et Melilia en territoire marocain.
Cette perspective soulève inévitablement des interrogations. Le projet de tunnel sous le détroit de Gibraltar, régulièrement évoqué depuis des décennies, serait-il rendu caduc par l’évolution naturelle des plaques ? Ou au contraire, cette lente convergence renforcerait-elle l’idée d’un espace afro-européen intégré, reliant deux continents aujourd’hui séparés par la mer ?
En attendant que ces bouleversements géologiques se concrétisent dans des millions d’années, l’Homme, lui, n’a pas attendu les siècles pour rapprocher les rives. Bien avant que la nature ne dessine d’éventuelles frontières terrestres, un tunnel reliant le Maroc et l’Espagne s’apprête à matérialiser, à l’échelle humaine cette fois, une connexion longtemps rêvée entre l’Afrique et l’Europe. Preuve que si la Terre avance à son rythme immuable, les sociétés, elles, savent parfois aller plus vite pour relier les continents et façonner leur propre géographie.
Par Salma Semmar










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