Le derby casablancais, suivi par des millions de passionnés, a viré au non-événement. Arrêts de jeu à répétition, épais brouillard de fumée, projectiles depuis les tribunes : l’usage illégal de fumigènes et de feux d’artifice a gâché l’affiche et exposé supporters comme joueurs. À l’heure où le Maroc s’apprête à accueillir la CAN 2025 puis la Coupe du monde 2030, la question n’est plus accessoire : comment ces produits entrent-ils encore dans les enceintes, et sont-ils “nécessaires” à l’animation ?
Comment ça entre encore ?
Malgré les fouilles, des artifices continuent d’échapper aux contrôles : fragmentation au moment de l’accès, relais à l’intérieur par des complices, caches improvisées, voire lancements depuis l’extérieur des stades. Les images d’un match haché rappellent les limites d’un dispositif focalisé sur les portiques mais insuffisamment coordonné entre clubs, sociétés de sécurité privées et forces de l’ordre.
L’argument du “spectacle” ne tient pas
Une frange de supporters revendique le “craquage” comme partie intégrante du show. Mais le spectacle, mercredi, a disparu : jeu cassé, visibilité réduite, risques respiratoires, brûlures, paniques locales. Le football perd son sens quand la sécurité n’est plus garantie. Tifos, chants et chorégraphies offrent déjà une identité visuelle forte sans mettre en danger joueurs et public.
Ce qui doit changer, maintenant
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Contrôles fondés sur le risque : fouilles renforcées ciblant groupes à risque, palpations aléatoires, scanners de sacs, double contrôle (extérieur + tourniquets).
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Responsabilité alignée : barème clair de sanctions sportives et financières (huis clos partiel, retrait de points en cas de récidive), appliqué à tous.
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Traçabilité des billets : identité nominative, placements stricts en tribunes “actives”, interdictions de stade individuelles (bans) avec suivi.
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Périmètre sécurisé : ceinture extérieure anti-intrusion, surveillance périmétrique (caméras, patrouilles), neutralisation des lancements depuis l’extérieur.
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Chaîne de commandement unique : PC sécurité intégrant club, sécurité privée, protection civile et police, avec procédures écrites d’interruption/évacuation.
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Dispositif médical prêt : brancardage, brûlures, inhalation de fumées ; voies d’accès maintenues dégagées.
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Pédagogie et co-régulation : travail en amont avec associations de supporters, chartes d’animation (tifos, drapeaux, confettis biodégradables, LED) et tolérance zéro pour la pyrotechnie.
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Voie réglementée, si étudiée : certains championnats testent des “pyros sous contrôle” opérés par artificiers agréés, à distance des personnes. Au Maroc, un éventuel pilote ne pourrait se concevoir que hors jours de forte affluence, sur autorisation préfectorale, avec matériaux homologués, zones stériles et extinction immédiate. À défaut de garanties maximales, interdiction stricte.
Un enjeu d’image avant 2025–2030
Mercredi, beaucoup ont quitté le stade avant la fin, privés du match malgré un billet payé. À l’international, ces scènes font tache pour un pays qui investit massivement dans ses enceintes et sa candidature mondiale. La norme doit redevenir simple : l’ambiance oui, la pyrotechnie non. Des décisions claires, visibles et appliquées dès maintenant éviteront que les tribunes ne se vident demain.
Par Salma Semmar










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