Le gouvernement québécois franchit un nouveau cap dans sa politique d’immigration en plaçant la langue française au cœur des conditions d’admission des travailleurs étrangers temporaires. Un projet de règlement, déposé ce jeudi à Québec, prévoit d’exiger une connaissance minimale du français, équivalente au niveau 4 à l’oral, pour toute demande de renouvellement de permis de travail dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET).
Cette réforme, annoncée dès novembre 2023 par Christine Fréchette, alors ministre de l’Immigration, entre officiellement en vigueur à l’automne 2025 mais ne sera appliquée qu’en 2028, au terme d’une période transitoire de trois ans. Elle exclut toutefois les travailleurs du secteur de l’agriculture primaire.
Selon le gouvernement de François Legault, cette mesure vise à favoriser une intégration durable des travailleurs étrangers, tant sur le plan professionnel que social. Le niveau 4, précisent les autorités, permet de « discuter avec son entourage de sujets familiers » et de comprendre le sens général de conversations courantes. Ce seuil linguistique serait donc un minimum pour garantir la communication de base en milieu de travail.
Mais la réforme suscite des inquiétudes chez les employeurs. Comme l’a reconnu Jean-François Roberge, ministre actuel de l’Immigration, cette exigence pourrait créer une distorsion de compétitivité par rapport aux autres provinces canadiennes, qui ne conditionnent pas l’accès au travail à une exigence linguistique. Des travailleurs pourraient ainsi être tentés de se diriger vers d’autres territoires, moins restrictifs.
Pour le gouvernement québécois, cependant, le pari est clair : miser sur le français comme vecteur d’intégration et de cohésion, quitte à renforcer les exigences à l’entrée. Un choix politique assumé, dans une province où la préservation de la langue française reste un enjeu identitaire majeur.