Les maîtres-nageurs, employés de manière saisonnière par les communes territoriales sur les plages, avouent leur impuissance à éviter les noyades. En cause : la lourdeur de la charge de travail, l’afflux massif de baigneurs et l’étendue des plages à couvrir, parfois à un seul homme. Ce déséquilibre dramatique explique en partie les tragédies rapportées depuis le début de la saison, avec des familles entières fauchées par la mer sans qu’aucune intervention ne puisse être menée à temps.
Et pourtant, malgré les conseils de prudence et la signalisation mise en place sur certaines plages fréquentées, les noyades restent nombreuses, année après année. Faute de moyens humains et matériels suffisants, un maître-nageur doit souvent surveiller seul des zones surpeuplées, notamment les week-ends où la population est multipliée par dix.
Plus inquiétant encore, le phénomène n’est pas pris à sa juste mesure. Les bilans, toujours plus lourds, ne semblent pas alerter suffisamment les autorités. Certains drames sont improbables, à l’image de ces noyades collectives de familles entières, impuissantes face à la force des vagues et à l’absence de secours.
À cela s’ajoute une réalité accablante : certaines plages connues pour enregistrer de nombreux décès chaque année ne bénéficient toujours pas de renforts en personnel ou en présence de la Protection Civile. Une banalisation du drame est en train de s’installer.
Autre point tout aussi alarmant : beaucoup de maîtres-nageurs sont engagés sans formation adéquate, sans équipements de secours modernes comme des bouées, jet-skis ou radios. Leur sécurité est mise en péril, autant que celle des nageurs. Pire encore, les communes responsables n’ont pas toujours les budgets ou la volonté politique d’agir. Et l’absence de coordination avec la Protection Civile ou les services sanitaires aggrave les retards d’intervention.
En attendant que cette situation soit débattue au Parlement et que le ministre de l’Intérieur apporte des réponses concrètes, après ces noyades dramatiques d’enfants et de parents, il faut craindre que l’été ne se poursuive sur une série noire silencieuse, au goût amer d’abandon.
Par Salma Semmar