Trop, c’est trop, semble avoir déclaré la diplomatie marocaine à l’État hébreu après son attaque contre le Qatar, allié du Maroc, ayant visé il y a deux jours des cadres du Hamas venus y préparer leur réponse à la dernière proposition de Tel-Aviv, jugée trompeuse, visant à mettre fin à la guerre à Gaza et en Cisjordanie, tout en continuant à bloquer la reconnaissance d’un État palestinien.
Qu’il s’agisse de cette attaque en violation flagrante du droit international, ou du massacre en cours à Gaza et de la famine qui y sévit, révoltant une grande partie de l’opinion mondiale par son caractère inhumain, le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a exprimé l’indignation du Royaume. Intervenant hier à Rabat lors d’une réunion de haut niveau sur l’avenir des relations euro-méditerranéennes, il a employé des termes d’une sévérité inhabituelle, contrastant avec les positions nuancées adoptées jusqu’ici par Rabat pour ménager la chèvre et le chou et éviter d’envisager une remise en cause des Accords d’Abraham, désormais relégués à l’arrière-plan.
Les observateurs diplomatiques notent que le ton a changé et que le Maroc pourrait revoir ses liens avec Tel-Aviv si une nouvelle attaque devait viser un pays allié. En effet, Israël n’hésite plus à frapper dans tout le Proche et le Moyen-Orient pour éliminer des dirigeants du Hamas, grands ou petits, où qu’ils se trouvent.
Sorti de sa retenue habituelle, le Maroc a même renoué avec une posture plus ferme, appelant à la tenue d’un sommet arabo-islamique. Celui-ci pourrait déboucher sur un durcissement à l’égard d’Israël et sur une révision de la politique marocaine incluant les Accords d’Abraham, perçus désormais comme un dernier levier pour contraindre l’État hébreu à cesser la guerre à Gaza et son aventurisme militaire.
Cette évolution de la position marocaine se rapproche de celle des Émirats arabes unis, autre signataire des Accords, laissant entrevoir la possibilité d’un retrait commun si la situation venait à empirer, notamment avec de nouvelles attaques contre un pays du Conseil de coopération du Golfe, dont le Royaume reste un allié stratégique.
Par Jalil Nouri
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