Alors que les accidents de la route continuent de faire des victimes au Maroc, les autorités multiplient les dispositifs de contrôle pour tenter d’enrayer l’hécatombe. Pourtant, loin de rassurer, certaines méthodes mises en œuvre, notamment l’usage controversé des radars mobiles, soulèvent un profond malaise. Portée jusqu’au Parlement, cette problématique révèle une fracture entre les objectifs affichés de sécurité et les ressentis d’une partie des usagers, qui pointent du doigt des dérives dans la manière dont les infractions sont constatées.
C’est dans ce contexte que Rachid Hamouni, député du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS), a interpellé par écrit le ministre des Transports et de la Logistique, Abdessamad Kayouh, sur les méthodes de constatation des infractions routières. Au cœur de cette intervention : l’utilisation des radars mobiles « en mode secret », souvent dépourvus de toute signalisation préalable, et la légalité des procès-verbaux émis dans ces conditions.
Des pratiques en question
Le parlementaire souligne que ces méthodes, jugées illégales par plusieurs juridictions, ont engendré une série de contentieux. Certains procès-verbaux ont même été annulés pour non-respect des procédures légales. L’absence d’agents au moment de la constatation des infractions, l’usage de messageries instantanées pour transmettre des informations entre agents, ou encore le caractère discret, voire caché, des dispositifs de contrôle sont autant de points qui posent problème.
Ces méthodes, bien que présentées comme des outils de dissuasion contre les excès de vitesse, sont perçues par de nombreux citoyens comme une source d’injustice, voire comme une forme de « piégeage » administratif.
Une pression budgétaire sous-jacente ?
Tout en restant mesuré, le député Hamouni semble traduire une impression partagée par une partie de l’opinion : celle selon laquelle les autorités compétentes, en multipliant les contrôles et en mobilisant un nombre important d’agents, poursuivraient également des objectifs financiers. Le nombre croissant de procès-verbaux et la fréquence des amendes peuvent donner à penser que ces mesures s’inscrivent aussi dans une logique de renflouement des caisses de l’État.
Si la lutte contre l’insécurité routière est indispensable, elle ne doit en aucun cas se faire au détriment de la transparence, de l’équité et du respect strict de la législation. Le sentiment d’injustice ou de harcèlement administratif peut, à terme, nuire à la confiance entre citoyens et institutions.
Vers une réforme des méthodes de contrôle ?
Rachid Hamouni plaide pour une réforme en profondeur des méthodes de surveillance routière. Il appelle à une coordination renforcée entre les autorités concernées, et surtout à une meilleure réglementation de l’usage des radars mobiles. L’objectif, selon lui, doit rester celui de sauver des vies, non pas de fragiliser davantage les usagers par des pratiques ambigües ou contestables.
Dans sa question adressée au ministre, il demande des éclaircissements concrets sur les mesures prévues pour éviter les abus et garantir que les contrôles routiers s’effectuent dans un cadre clair, équitable et conforme au droit.
Alors que les routes marocaines continuent d’enregistrer un taux élevé d’accidents, cette réflexion sur l’encadrement des moyens de contrôle pourrait marquer une étape importante vers une sécurité routière plus juste et plus efficace.
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