C’est une nouvelle scène d’horreur qui s’est déroulée à Rafah, au sud de la bande de Gaza, dans la nuit de dimanche à lundi. Des centaines de Palestiniens affamés s’étaient rassemblés dès l’aube dans l’espoir de recevoir des colis alimentaires annoncés par une organisation américaine appelée “Gaza Humanitarian”, soutenue par Israël. Mais ce qui devait être un acte de secours s’est mué en une véritable embuscade sanglante.
Selon le ministère de la Santé à Gaza, au moins 49 civils palestiniens ont été tués et plus de 200 blessés — dont cinq en état de mort cérébrale et une trentaine dans un état critique — après que des blindés israéliens et des drones ont ouvert le feu sur la foule. Des grenades lacrymogènes ont également été lancées pour disperser les gens, provoquant une panique généralisée.
Depuis une semaine, cette organisation américaine distribue des aides à Rafah, Khan Younès et dans le centre de Gaza, en l’absence totale de supervision des Nations unies. Mais sur le terrain, cette opération est perçue comme une manipulation stratégique : les distributions ont été entachées d’incidents sanglants depuis leur lancement. Le bureau d’information du gouvernement de Gaza a qualifié ces opérations de “pièges mortels déguisés en aide humanitaire”.
Le Euro-Med Human Rights Monitor a dénoncé un usage systématique de la faim comme arme de guerre et a documenté l’implication directe des opérateurs de “Gaza Humanitarian” dans les violences. Christopher Gunness, ancien porte-parole de l’UNRWA, a jeté un pavé dans la mare en affirmant que cette ONG était dirigée par des anciens militaires et mercenaires, transformant l’aide alimentaire en outil de guerre psychologique.
Pire encore, selon Gunness, des cages en métal ont été utilisées pour contenir les civils lors des distributions, un viol manifeste du droit humanitaire. Il dénonce une volonté de déplacement forcé, visant à pousser les Gazaouis vers le sud, voire à l’extérieur de l’enclave, dans la droite ligne du plan Trump de “réinstallation” des Palestiniens.
Et ce, alors même que la Cour internationale de Justice a enjoint Israël à garantir un accès humanitaire sans entrave — des ordres délibérément ignorés par Tel-Aviv, qui maintient les points de passage fermés, aggravant une famine qui menace aujourd’hui 2,4 millions de personnes.
Depuis mars, plus de 170 Palestiniens ont été tués alors qu’ils attendaient une aide alimentaire. Le silence assourdissant de la communauté internationale, notamment du Conseil de sécurité de l’ONU, face à ce que de nombreux observateurs qualifient désormais de crime contre l’humanité, ne fait qu’accroître le sentiment d’abandon à Gaza.
Alors que les agences de l’ONU, dont l’UNRWA, sont paralysées, les civils continuent de mourir non pas malgré l’aide humanitaire, mais à cause d’elle — transformée en arme de destruction à visage humanitaire.
Depuis le début de la guerre, plus de 36.000 Palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza, majoritairement des civils.