Ce mois de Ramadan s’achèvera dans quelques jours sur un phénomène nouveau et inattendu : celui de la politique sous couvert de charité devant les mosquées.
C’est, du moins, l’accusation grave lancée par les partis politiques de l’opposition à l’encontre de la formation du chef du gouvernement, le RNI, qu’ils accusent d’avoir, via une ONG qui lui est proche, organisé deux opérations caritatives de distribution de denrées alimentaires : « Les paniers de la générosité » et « Les paniers du volontariat », menées dans plusieurs villes avec les fonds du parti et le concours de milliers de volontaires se déclarant membres du RNI.
Les critiques visent directement le chef du gouvernement, principal financeur de son parti, à travers son puissant groupe économique. Il est accusé d’avoir lancé, à 18 mois des élections, une campagne pré-électorale déguisée, allant jusqu’à mobiliser des volontaires devant les mosquées. Certains auraient été surpris en train de déclarer que les paniers étaient offerts par le RNI et son président, appelant les bénéficiaires à se souvenir de ce geste le jour du vote, tout en promettant des aides financières. Un comportement et des propos strictement interdits par la loi.
Étendue tout au long du mois sacré, cette opération de propagande et de « charité politique » n’aurait pas uniquement ciblé les personnes défavorisées, mais aussi les fidèles à la sortie des prières, auprès desquels le message semble avoir été bien perçu.
La réaction des partis de l’opposition, qui fait suite à leur dénonciation récente de la diffusion sur les chaînes publiques d’une vidéo à la gloire des réalisations du gouvernement, ne s’arrêtera pas là. Un débat parlementaire est d’ores et déjà annoncé pour interroger la légalité de cette campagne et ses conséquences sur la transparence du processus électoral à venir.
Affaire à suivre.
Par Jalil Nouri