Réélection de Kais Saied : triomphe dans un contexte de dérive autoritaire et de contestation

Le président sortant de la Tunisie, Kais Saied, a été réélu avec un score impressionnant de 89,2 % des voix lors de l’élection présidentielle du dimanche dernier, selon des sondages sortie des urnes. Cependant, ce triomphe est marqué par une faible participation, avec seulement 27,7 % des électeurs ayant voté, un taux historiquement bas depuis la révolution de 2011 qui a marqué le début des Printemps arabes.

Kais Saied, 66 ans, avait déjà été élu en 2019 avec près de 73 % des voix. Depuis, il a consolidé son pouvoir en s’accaparant des prérogatives importantes, provoquant des critiques croissantes de la part de l’opposition et des organisations de la société civile qui l’accusent de « dérive autoritaire ». La réélection de Saied s’est déroulée dans un climat de mécontentement croissant, avec des figures majeures de l’opposition emprisonnées ou empêchées de se présenter.

Ayachi Zammel, un industriel libéral peu connu, et Zouhair Maghzaoui, un député de gauche, étaient les seuls candidats autorisés à se présenter face à Saied. Leurs résultats ont été insignifiants, avec respectivement 6,9 % et 3,9 % des suffrages. Selon les experts, ces candidats étaient perçus comme des « seconds couteaux » et ne représentaient pas de réels rivaux face à Saied.

L’opposition a dénoncé un processus électoral faussé, critiquant l’éviction de candidats importants, comme Mondher Zenaidi, ancien ministre sous Ben Ali, et l’incarcération de Zammel, qui n’a pas pu mener campagne.

Si Kais Saied jouit encore d’un certain soutien populaire, notamment parmi la jeunesse, des critiques fusent sur son style de gouvernance. De nombreuses voix, tant en Tunisie qu’à l’international, s’inquiètent du climat de répression croissant, avec plus de 170 détenus politiques selon Human Rights Watch.

Alors que Saied promet de continuer à lutter contre les « traîtres » et « ennemis » de la Tunisie, son mandat s’annonce tendu, avec une légitimité démocratique affaiblie par une abstention record et une opposition muselée.