Le constat est sans appel : la réforme des retraites au Maroc n’est plus une option, mais une urgence nationale. Dans son rapport annuel 2024, Bank Al-Maghrib tire la sonnette d’alarme sur la situation critique des régimes de retraite, appelant à un sursaut décisif et immédiat après une décennie de tergiversations. L’institution pointe du doigt le coût croissant du retard, soulignant que chaque année passée sans réforme rend l’équation plus complexe et plus coûteuse à résoudre.
Un système sous pression démographique et financière
La principale menace évoquée est le déséquilibre démographique accéléré : la part des Marocains âgés de 60 ans et plus est passée de 8 % à 13,8 % en quelques années, avec des projections inquiétantes pour la prochaine décennie. Cette évolution entraîne une hausse du nombre de retraités face à un nombre limité de cotisants, menaçant la viabilité des régimes actuels. À cela s’ajoute une faible couverture du marché du travail, avec un taux d’adhésion aux systèmes de retraite encore trop bas. Résultat : une base de cotisants restreinte et des caisses sous tension permanente.
Une réforme structurée autour de deux pôles
Bank Al-Maghrib rappelle que l’Accord du dialogue social d’avril 2024 a posé les bases d’un plan de réforme global qui devrait être mis en œuvre sans délai. Il prévoit la création d’un système dual, articulé autour de deux pôles : l’un public et l’autre privé. L’objectif : rationaliser les régimes existants, étendre la couverture à davantage de travailleurs, et garantir la pérennité du système à long terme, tout en préservant les droits acquis des affiliés actuels.
Le rapport met en exergue l’importance de mener cette transition de manière progressive et inclusive, en évitant tout bouleversement social. La clé de réussite résidera dans la concertation active avec les partenaires sociaux, notamment dans un contexte où les récentes augmentations salariales auraient pu être un levier d’engagement collectif.
Un coût du retard de plus en plus lourd
Bank Al-Maghrib insiste sur le fait qu’un nouveau retard dans le lancement de la réforme serait lourd de conséquences, tant sur le plan financier que social. Le déficit structurel menace la solvabilité des caisses et le versement futur des pensions, exposant des millions de Marocains à l’incertitude.
Ce dossier, longtemps repoussé pour son caractère politiquement sensible, devient aujourd’hui un chantier prioritaire pour la stabilité sociale du Royaume. La réforme des retraites est appelée à devenir un pilier d’un nouveau contrat social, plus équitable, plus solide et à la hauteur des défis du vieillissement de la population.