Le gouvernement espagnol a franchi un pas décisif dans sa politique migratoire en adoptant une réforme réglementaire ambitieuse. Cette initiative vise à faciliter la régularisation de centaines de milliers d’immigrants illégaux par an au cours des trois prochaines années, tout en répondant à des besoins économiques croissants.
Selon la ministre de l’Inclusion et des Migrations, Elma Saiz, l’Espagne a besoin de 250.000 à 300.000 travailleurs étrangers chaque année pour maintenir son niveau de vie. Actuellement, 2,9 millions d’étrangers cotisent à la sécurité sociale, représentant 13,6% du total des affiliés, une augmentation notable par rapport aux années précédentes.
La réforme prévoit une réduction des délais et des formalités pour obtenir des titres de séjour. Elle renforce les droits des travailleurs migrants et prolonge la durée des visas de recherche d’emploi de trois mois à un an. En outre, elle introduit de nouveaux statuts facilitant l’accès à la régularisation.
D’après les chiffres, environ 210.000 migrants étaient déjà inscrits dans des démarches de naturalisation fin 2023, une augmentation significative par rapport à 2022. Le gouvernement estime que cette réforme pourrait permettre la régularisation de 300.000 personnes par an.
Alors que plusieurs pays européens durcissent leurs politiques migratoires, l’Espagne se démarque par son ouverture. « Comme l’a souligné le Premier ministre Pedro Sanchez, l’Espagne a choisi d’être un pays ouvert et prospère », a rappelé la ministre Saiz. Cette vision s’inscrit dans une logique économique : répondre à la pénurie de main-d’œuvre et stimuler l’économie nationale.
Cette réforme coïncide avec les préparatifs de l’Association des producteurs de fraises de Huelva pour recruter des travailleurs saisonniers marocains. Ces derniers, essentiels pour la production agricole, se voient offrir un salaire journalier de 40 à 50 euros, selon les conditions de travail. Cette collaboration met en lumière la dépendance de certains secteurs espagnols aux travailleurs étrangers, notamment marocains.
La réforme est perçue comme une opportunité pour les migrants, leur offrant des droits et des devoirs en tant que citoyens. Elle pourrait également renforcer le rôle de l’Espagne comme modèle d’accueil en Europe, tout en adressant des enjeux sociaux et économiques majeurs.