La séquence de contestation portée par des jeunes, dans la rue comme en ligne, met à nu un enjeu central : la qualité de la gouvernance publique. Au-delà des alternances et des calendriers électoraux, beaucoup estiment que seule l’Institution royale dispose de la légitimité et de l’assise nécessaires pour recadrer l’action publique et retisser la confiance. L’Histoire nationale en offre un écho : l’alliance symbolique entre le Trône et le peuple, gravée depuis 1953, demeure un référent mobilisateur.
Sur le fond, les griefs exprimés sont connus : accès inégal aux services essentiels (éducation, santé), difficulté d’insertion professionnelle, sentiment d’injustice et de corruption impunie. Les débordements observés ici ou là ne doivent pas occulter le message principal : une génération connectée, informée, mondialisée, demande des résultats tangibles et des repères clairs. Elle s’organise via des plateformes numériques sans leadership apparent, imposant aux décideurs un terrain inédit, sans interlocuteur désigné ni rituel de négociation.
Cette colère est aussi le reflet d’un décalage entre niveaux de dépense publique et impact perçu. L’idée n’est pas d’opposer public et privé, mais de réhabiliter l’hôpital, l’école et la justice par des objectifs mesurables : qualité, délais, transparence et reddition de comptes. La lutte anticorruption, réclamée avec insistance, gagnerait à s’outiller d’un “numéro vert 2.0” pour les grands marchés publics, complété par des audits ouverts et des sanctions effectives.
Politiquement, la jeunesse ne conteste pas l’ambition du pays ni ses succès, y compris l’organisation d’événements majeurs ; elle interroge le “comment” et le “quand” des réformes. Beaucoup pointent l’essoufflement de la planification de long terme et appellent à un cap réaffirmé, au-delà d’une mandature. D’où l’attente d’un signal fort : un aggiornamento qui clarifie responsabilités, réactive la proximité avec la société et fixe un calendrier crédible.
Au final, la crise actuelle peut devenir un moment fondateur : ressouder l’axe Roi-peuple, remettre l’exécution au centre du jeu et faire de la jeunesse non un problème, mais la force motrice d’une nouvelle étape nationale.
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