Le mach du Maroc face au Mali n’a pas rassuré. Au contraire, il a laissé un parfum d’inachevé et un sentiment gênant : celui d’une sélection marocaine qui avance sans véritable fil conducteur, alors qu’elle dispose pourtant d’un réservoir de talents parmi les plus riches du continent. Le match nul concédé face aux Aigles a relancé le débat autour de Walid Regragui, dont les choix tactiques, censés consolider une dynamique, ont surtout exposé les failles d’un Onze encore trop irrégulier.
Sur le papier, le Maroc a tout pour imposer sa loi : des joueurs rompus à l’exigence des grands championnats, une densité technique rare, des individualités capables de faire basculer un match sur une inspiration. Mais sur le terrain, l’équipe a souvent donné l’image d’un collectif qui se cherche, hésite, et peine à installer une domination durable. Une impression amplifiée par une animation offensive jugée timide, une utilisation parfois déroutante des profils disponibles, et des séquences de jeu trop stériles pour inquiéter un adversaire pourtant bien en place.
Ce nul, considéré comme décevant par une partie des observateurs, a ravivé les critiques. Selon plusieurs analystes, certains choix lors de la composition d’équipe et au fil de la rencontre n’ont pas permis de valoriser les forces de cette sélection. Le milieu, notamment, a semblé manquer de liant et de créativité, tandis que la gestion des temps forts et des remplacements a alimenté l’incompréhension. Beaucoup attendaient un Maroc plus tranchant, plus audacieux, plus “dominant” dans l’attitude, au lieu de se contenter d’un rythme par à-coups.
Plusieurs experts et entraîneurs étrangers, intervenant dans les débats suscités par cette prestation, vont plus loin dans leurs critiques. Ils estiment que Walid Regragui passe à côté de sa mission au regard du potentiel exceptionnel dont il dispose. Selon eux, une sélection riche en individualités de ce niveau devrait afficher une identité de jeu affirmée, un plan tactique lisible et la capacité d’imposer son rythme face à ce type d’adversaire. Or, le Maroc continue de donner l’image d’une équipe trop dépendante d’éclats individuels, plutôt que d’un collectif structuré et dominateur.
Ces analystes pointent notamment du doigt les changements opérés par le sélectionneur, qualifiés de “négatifs” et mal inspirés. Ils rappellent que la supériorité du Maroc en première période était évidente au milieu de terrain, portée par la performance remarquable d’Ibrahim Diaz et d’Azzedine Ounahi. Face à un Mali très solide dans l’entrejeu, le niveau élevé affiché par ce duo aurait même évité aux Lions de l’Atlas une déconvenue dès le premier acte. Si le rendement individuel de Diaz a été jugé impressionnant et celui d’Ounahi salué comme exemplaire, leur sortie en seconde période a, en revanche, créé un vide flagrant au milieu de terrain, déséquilibrant l’équipe. Un choix lourd de conséquences, puisque, de l’avis de tous, si le Mali avait maintenu une pression offensive constante, le Maroc aurait difficilement pu préserver le match nul.
Dans un contexte où chaque sortie compte pour préparer les prochaines échéances continentales et internationales, le temps n’est plus aux approximations. Les Lions de l’Atlas ont le talent pour viser haut, mais le talent seul ne gagne pas les tournois : il faut une mécanique, des automatismes, une lecture juste des matchs, et des choix qui maximisent les profils. Regragui est désormais attendu au tournant : rectifier, clarifier, et transformer une somme de talents extraordinaires en une équipe réellement maîtresse de son destin.


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