L’ancien président tunisien Moncef Marzouki plaide pour tourner la page des querelles inter-maghrébines et relancer un processus de réconciliation historique entre les capitales de la région. Il estime que l’heure est venue « d’extraire l’Union du Maghreb de la chambre de réanimation » et de mettre fin à une décennie d’inertie qui a paralysé la coopération politique et économique.
Selon Marzouki, la réouverture d’un dialogue franc entre voisins et la décongélation des mécanismes communs sont désormais des impératifs stratégiques, tant pour la sécurité que pour la prospérité des peuples. Au-delà des divergences, il appelle à prioriser l’intérêt commun : faciliter les échanges, fluidifier la mobilité, et coordonner les politiques énergétiques, agricoles et industrielles, autant de chantiers freinés par la fragmentation régionale.
Son message intervient alors que l’espace maghrébin reste l’un des moins intégrés au monde, malgré des affinités culturelles et des chaînes de valeur potentielles. Pour Marzouki, la jeunesse et les entrepreneurs sont les premiers perdants d’un statu quo qui dissuade l’investissement et dilue les synergies. Il suggère de réactiver les formats techniques (commissions mixtes, groupes sectoriels) et de poser des gestes de confiance (projets transfrontaliers, facilités logistiques, coopération universitaire) comme préambule à une relance politique.
Reste la dimension sensible des contentieux politiques. Sans les minimiser, l’ancien chef de l’État prône une méthode gradualiste : avancer d’abord là où le consensus est possible, isoler les sujets de blocage, et multiplier les bénéfices tangibles pour les citoyens afin de créer un effet d’entraînement en faveur de la normalisation régionale.
L’appel de Marzouki s’inscrit dans un moment d’interrogations mais aussi d’opportunités : transitions énergétiques, montée des investissements africains, et volonté de certaines capitales de réduire les coûts de la non-intégration. Reste à voir si les dirigeants maghrébins traduiront cette rhétorique de relance en calendriers, budgets et institutions de coopération effectives.











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