Contre toute attente, la prochaine rentrée scolaire semble marquée par un climat de modération inattendu. Après des années d’escalade des frais de scolarité, aussi bien dans les écoles des missions étrangères que dans les établissements privés marocains, une forme de stabilisation semble s’installer. Un soulagement pour de nombreuses familles, étranglées depuis des années par des hausses parfois injustifiées.
Si certains abus subsistent encore – notamment autour des heures supplémentaires, des frais parascolaires ou de l’obligation d’achat de livres dans les établissements eux-mêmes – la tendance générale est à la retenue. Cette modération pourrait être le fruit discret d’une pression accrue des associations de parents d’élèves ou de recommandations tacites du ministère de tutelle. Mais aucun signal officiel n’a pour l’heure confirmé cette hypothèse.
Traditionnellement, cette période précédant la rentrée donnait lieu à des protestations récurrentes de familles dénonçant une tarification abusive, jusqu’à engager des procédures en justice. Le secteur privé, censé être un partenaire éducatif fiable, a longtemps vu son image ternie par cette logique marchande poussée à l’extrême.
Cette accalmie offre donc un bol d’air aux ménages, dans un contexte d’inflation généralisée où chaque dirham compte. Pour beaucoup, la scolarisation des enfants représente une part toujours croissante du budget familial. Reste que cette baisse de tension n’efface pas les incertitudes. L’État, par son refus persistant d’intervenir dans la régulation des frais et la gestion administrative des écoles privées, laisse planer le doute sur la pérennité de cette embellie.
Par ailleurs, de nombreuses voix parentales réclament plus de transparence : publication des grilles tarifaires, justification des hausses, ou encore la mise en place d’un barème de plafonnement par tranche d’enseignement. D’autres appellent à la création d’un observatoire indépendant chargé de veiller à l’équité des frais entre établissements.
Enfin, cette crise récurrente des frais scolaires a vu émerger des solutions alternatives : écoles publiques d’excellence, coopératives éducatives, enseignement à distance… Des pistes qui témoignent de la quête d’un équilibre durable entre qualité et accessibilité.
Par Salma Semmar