C’est désormais acté. Le Royaume-Uni, l’Australie et le Canada ont officiellement reconnu, dimanche 21 septembre, l’État de Palestine, à la veille d’annonces similaires par d’autres pays. Une décision historique, dénoncée par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu comme un « danger » pour l’existence d’Israël.
« Aujourd’hui, pour raviver l’espoir de paix et d’une solution à deux États, je déclare clairement, en tant que Premier ministre de ce grand pays, que le Royaume-Uni reconnaît officiellement l’État de Palestine », a annoncé le Premier ministre britannique Keir Starmer dans un message vidéo diffusé sur les réseaux sociaux.
Le Premier ministre canadien Mark Carney a, quant à lui, affirmé dans un communiqué inscrire cette décision « dans le cadre d’un effort international concerté visant à préserver la possibilité d’une solution à deux États ».
En Australie, le chef du gouvernement, Anthony Albanese, a fait valoir « les aspirations légitimes et de longue date du peuple de Palestine à un État qui lui soit propre ».
Ces annonces par des alliés historiques d’Israël interviennent alors que l’État hébreu a intensifié son offensive à Gaza, déclenchée par l’attaque meurtrière du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023.
Un nombre croissant d’autres États, longtemps proches d’Israël, ont déjà franchi ce pas symbolique ces derniers mois, et ce malgré les fortes pressions des États-Unis et d’Israël.
Un pas vers une paix « durable » ?!
À l’occasion d’un sommet coprésidé par la France et l’Arabie saoudite, qui doit se pencher lundi sur l’avenir de la solution à deux États, à la veille de l’Assemblée générale de l’ONU, une dizaine de pays devraient également confirmer leur reconnaissance formelle de l’État palestinien.
Avant même les annonces de dimanche, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a promis de « lutter à l’ONU et sur tous les autres terrains contre la propagande mensongère à notre encontre et contre les appels à la création d’un État palestinien qui mettrait en danger notre existence et constituerait une récompense absurde pour le terrorisme ». « La communauté internationale nous entendra à ce sujet dans les prochains jours », a-t-il ajouté.
Son ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a proposé l’annexion « immédiate » de la Cisjordanie.
Le président palestinien Mahmoud Abbas a, lui, estimé que la décision britannique est un pas vers une paix « durable ».
« Annonce historique »
Keir Starmer avait annoncé en juillet que son pays allait reconnaître un État palestinien à l’occasion de l’Assemblée générale de l’ONU, sauf si Israël prenait une série d’engagements, dont celui d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.
Un objectif loin d’être atteint, alors qu’Israël a lancé cette semaine une vaste campagne militaire terrestre et aérienne dans la ville de Gaza — dans le nord du territoire palestinien —, pour y anéantir le Hamas.
« Près de deux ans après les attaques barbares du 7 octobre, les terroristes du Hamas détiennent toujours des otages » et « la crise humanitaire à Gaza, d’origine humaine, s’est encore aggravée », a insisté Keir Starmer, dénonçant également « l’accélération » de la colonisation en Cisjordanie.
Il a aussi répété que reconnaître l’État de Palestine « n’était pas une récompense envers le Hamas, parce qu’elle signifie que le Hamas ne peut avoir aucun avenir, aucun rôle dans un futur gouvernement [palestinien], ni aucun rôle dans la sécurité » des territoires palestiniens. Il a annoncé que son pays prendrait de nouvelles sanctions contre le Hamas « dans les prochaines semaines ».
Le chef de la mission palestinienne au Royaume-Uni, Husam Zomlot, a salué auprès de l’AFP « cette annonce historique » pour la Palestine, qui « corrige une injustice » envers les Palestiniens.
Selon un sondage publié vendredi, 44 % des Britanniques soutiennent la reconnaissance d’un État palestinien par le Royaume-Uni. Le Portugal doit également annoncer dimanche sa reconnaissance de l’État palestinien.
Divergences avec l’administration Trump
Avec cette annonce, ces pays accentuent encore un peu plus leurs divergences avec l’administration américaine sur le conflit au Moyen-Orient.
Les États-Unis, alliés indéfectibles d’Israël, avaient critiqué l’initiative franco-saoudienne.
En visite d’État cette semaine au Royaume-Uni, le président américain Donald Trump a affirmé son opposition au choix britannique, lors d’une conférence de presse conjointe avec Keir Starmer.
Les trois quarts environ des 193 États membres de l’ONU reconnaissent l’État palestinien proclamé par la direction palestinienne en exil en 1988.
Mardi, une commission d’enquête indépendante mandatée par l’ONU avait établi qu’Israël commettait un génocide contre les Palestiniens à Gaza, ce que les autorités israéliennes nient farouchement.
Selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza, les représailles israéliennes ont coûté la vie à 65 062 Palestiniens, un chiffre qu’on peut multiplier par quatre ou cinq, en majorité des civils, dans la bande de Gaza, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007.
Hafid Fassi Fihri avec AFP