Neuf ans après l’interdiction des sacs plastiques au Maroc, le fléau persiste dans l’ombre. Derrière les vitrines des marchés propres, une production clandestine prospère, nourrie par un réseau bien organisé et, selon des rapports confidentiels, par la complaisance de certains responsables locaux.
Depuis 2016, la loi vise à éradiquer ces sacs nocifs pour l’environnement, mais plusieurs ateliers continuent à les fabriquer, défiant ouvertement l’interdit. Les investigations préliminaires révèlent des irrégularités flagrantes dans les contrôles, et laissent planer des soupçons de collusion entre des élus locaux et des fabricants opérant dans l’illégalité. Dans certaines zones, les descentes inopinées se font rares, laissant place à un sentiment d’impunité.
Fait marquant : malgré l’interdiction, ces sacs sont encore facilement disponibles chez certains commerçants, ce qui permettrait, en remontant la chaîne, d’identifier rapidement leurs producteurs. Cette présence sur le marché local démontre l’inefficacité des mesures de traçabilité et de contrôle.
La filière ne se limite pas à une simple production locale. La matière première elle-même franchirait illégalement les frontières, alimentant un commerce souterrain qui échappe aux radars officiels et pèse lourdement sur les efforts environnementaux du Royaume.
Face à cette situation préoccupante, le ministère de l’Intérieur a annoncé l’envoi, dès septembre, d’une commission d’inspection dans plusieurs grandes villes. Sa mission : démasquer les ateliers clandestins, identifier les réseaux de complicité et comprendre les failles dans l’application de la loi.
L’enjeu est de taille : il en va de la crédibilité de la lutte contre la pollution plastique, mais aussi de la confiance des citoyens dans la capacité des autorités à faire respecter les règles. Le Maroc, souvent cité en exemple dans la région pour ses engagements environnementaux, ne peut se permettre que cette bataille symbolique se transforme en promesse non tenue.
.