Deux affaires dramatiques secouent la ville de Salé, où la justice et les forces de l’ordre sont confrontées à une recrudescence d’agressions violentes contre des individus accusés de sorcellerie. La plus récente remonte à lundi dernier, lorsque la chambre criminelle de la Cour d’appel de Rabat a condamné un jeune homme de 22 ans à dix ans de prison ferme pour avoir tenté de tuer un herboriste dans le quartier de Bab El Khemis.
Le prévenu, convaincu que l’herboriste en question préparait des recettes de sorcellerie pour sa mère, ce qui aurait provoqué le divorce de ses parents, l’a violemment agressé à l’arme blanche. Lors du procès, le jeune homme a évoqué une dégradation de sa santé mentale et de sa stabilité professionnelle, accusant la « magie » du commerçant de l’avoir poursuivi jusque dans ses cauchemars.
Quelques semaines auparavant, dans la région rurale de Salé – Sidi Bouknadel, un autre homme de 39 ans a grièvement blessé un septuagénaire, soupçonné d’exercer des pratiques occultes avec des restes de circoncisions d’enfants. La victime, retrouvée dans un état critique avec une fracture du crâne, a été admise en soins intensifs. Les enquêteurs, alertés par les voisins et l’épouse du prétendu sorcier, ont rapidement identifié l’agresseur, qui a reconnu avoir agi par vengeance.
Ces faits, aussi sordides qu’inquiétants, révèlent une tension sociale autour des croyances occultes, encore profondément ancrées dans certaines franges de la population. Ils posent avec acuité la question de la protection des citoyens contre la justice populaire, et du rôle des autorités dans la lutte contre la superstition et la violence privée.
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