Le Health Care Index 2025 de CEOWORLD place le Maroc au 74ᵉ rang sur 110 pays, avec un score global de 34,78. L’indice agrège plusieurs critères — infrastructures, compétences des personnels, disponibilité et coût des médicaments, ainsi que l’efficience du système — afin de comparer la performance des systèmes de santé dans le monde.
Le Maroc dans la région MENA
Dans l’espace Moyen-Orient et Afrique du Nord, le haut du tableau est occupé par plusieurs pays du Golfe, avec notamment les Émirats arabes unis (17ᵉ) et l’Arabie saoudite (37ᵉ). Suivent le Liban, Bahreïn, la Tunisie, la Jordanie, Oman, puis le Koweït (73ᵉ), juste devant le Maroc (74ᵉ). Ce positionnement reflète à la fois la pression démographique, les disparités d’accès et l’investissement différencié dans les infrastructures et le capital humain.
Les leaders mondiaux et le « paradoxe » américain
Au niveau global, Taïwan conserve la première place, citée pour l’équilibre coût–accès–qualité et l’usage d’outils numériques (carte santé, données appuyées par l’IA). La Corée du Sud et l’Australie complètent le podium. Plusieurs pays européens — Suède, Irlande, Pays-Bas, Allemagne, Norvège — s’installent dans le Top 10, portés par la stabilité opérationnelle et la qualité de la main-d’œuvre en santé. Les États-Unis se classent 15ᵉ, illustrant, selon CEOWORLD, une efficacité perfectible malgré des dépenses par habitant parmi les plus élevées au monde.
Lecture marocaine : où progresser ?
Le rang du Maroc suggère des marges de progression sur la chaîne complète : disponibilité et coût des médicaments, densité et formation des personnels, modernisation des plateaux techniques, qualité et continuité des soins primaires. Les réformes en cours (généralisation de la protection sociale, montée en capacité hospitalière, digitalisation des parcours) gagneront à être mesurées par des indicateurs publics, afin de transformer l’effort budgétaire en résultats tangibles pour les patients. Pour avancer, cap sur un paquet de mesures simples et vérifiables : recentrer l’organisation sur la médecine de famille (équipes de proximité avec objectifs de résultats), recruter et fidéliser les soignants (primes d’implantation, formation continue, délégation d’actes), sécuriser les achats de médicaments et consommables (appels d’offres groupés, traçabilité, plafonds de marge), financer les hôpitaux sur la qualité et la pertinence des soins (contrats d’objectifs, maintenance biomédicale sous SLA), accélérer le dossier patient unique, l’e-prescription et la télésanté, et publier chaque mois des tableaux de bord indépendants. Surtout, attaquer le point noir qui a suscité de vives critiques : la corruption et les détournements de biens publics. Cela passe par des audits externes réguliers, des appels d’offres transparents, un parquet financier réactif, la protection des lanceurs d’alerte et des sanctions effectives — condition non négociable pour regagner la confiance et rendre chaque dirham utile au patient.
Pourquoi ce classement compte
Au-delà du palmarès, CEOWORLD rappelle que la santé est désormais un actif stratégique : elle conditionne compétitivité, productivité et attractivité des investissements. Les expériences asiatiques (Taïwan, Corée) montrent qu’une politique combinant couverture large, technologies et efficience peut rehausser rapidement la performance d’un système. Pour le Maroc, l’enjeu est de convertir les réformes en gains d’accès et de qualité perçus au quotidien, tout en gardant le cap sur la formation et la rétention des talents de santé.
Par Salma Semmar
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