L’affaire fait grand bruit dans les milieux politiques et judiciaires. La session de ce vendredi devant la Cour d’appel de Casablanca a mis en lumière de graves dysfonctionnements et présomptions de détournement de fonds publics dans la gestion d’un marché de propreté à Bouznika. Une affaire qui implique l’ancien président de la commune, Mohamed Karimine et l’homme d’affaires Aziz El Badraoui, ex-président du Raja de Casablanca.
Le ministère public a révélé que le marché de nettoyage, d’une valeur dépassant les 10 millions de dirhams, a été prolongé de manière illégale pour six mois supplémentaires, sans approbation du conseil communal. Une démarche unilatérale et qualifiée de « décision de mauvaise foi », au profit de la société dirigée par El Badraoui.
Dans sa plaidoirie, le substitut du procureur général a qualifié cette opération de « forme complète de détournement », s’appuyant sur les rapports du Conseil supérieur des comptes et de l’Inspection générale du ministère de l’Intérieur.
Il a également révélé qu’une tentative de transfert de 6 millions de dirhams à ladite société avait été interrompue à la dernière minute grâce à une décision de la justice administrative, qui a jugé que le simple avis de virement équivalait à un début d’exécution.
L’affaire soulève également la question des équipements de la commune remis à la société, que cette dernière refuse de restituer, prétendant en être propriétaire par le biais de prélèvements prétendument opérés, ce que conteste le parquet.
Pire encore, la commune n’a jamais appliqué les pénalités prévues pour les manquements de la société, ni rédigé les rapports annuels obligatoires pour 2012 et 2016. Le marché lui-même aurait été taillé sur mesure, excluant des concurrents potentiels.
Pour le ministère public, il ne fait aucun doute que les accusés ont manipulé des fonds publics à des fins personnelles. Il a requis l’application des sanctions prévues par le Code pénal contre le président de la commune, le directeur général de la société, ainsi que l’ingénieur impliqué, tous détenus à la prison d’Oukacha.