Le procès des quatorze responsables de la société Al Omrane, poursuivis pour détournement et dilapidation de deniers publics ainsi que pour abus de pouvoir, connaît un nouveau rebondissement majeur. Lors de l’audience du 21 avril, la chambre chargée des crimes financiers à la Cour d’appel de Rabat a ordonné la réalisation d’une nouvelle expertise judiciaire afin d’évaluer les véritables valeurs des terrains litigieux dans la prestigieuse zone côtière d’El Harhoura.
Selon des sources informées relayées par Le journal Al Omk, cette décision vise à déterminer la valeur marchande exacte de deux parcelles (n° 51908 et 88785) situées à Sidi Al Abed, au moment de leur cession en 2006. À l’époque, les terrains avaient été vendus au prix étonnamment bas de 193 dirhams le mètre carré, pour un montant global de 3,1 millions de dirhams, alors que leur valeur réelle était estimée à environ 9,7 millions de dirhams. L’écart de 6,6 millions représente, selon les autorités judiciaires, un important préjudice pour les finances publiques.
La justice avait initialement tenté de convoquer l’expert ayant réalisé la première évaluation, mais son décès a conduit à ordonner cette nouvelle expertise, dont les résultats sont attendus pour l’audience prévue le 12 mai prochain.
L’affaire remonte à 2009 lorsque 9 directeurs et 5 cadres d’Al Omrane ont créé une association immobilière servant de façade pour acquérir ces terrains dans l’une des zones les plus huppées du Maroc à un prix dérisoire. Le Conseil supérieur des comptes, alerté par cette anomalie, avait épinglé l’opération dans son rapport de 2016, révélant un réseau d’intérêts croisés : les acheteurs siégeaient eux-mêmes dans la commission ayant fixé les prix de vente.
Les investigations ont révélé que plusieurs bénéficiaires ont transformé les parcelles en villas de luxe ou ont spéculé en revendant les lots à prix d’or. À noter, parmi les inculpés figure également un simple employé, dont l’implication est contestée par la défense qui plaide son innocence faute de preuve de participation active.
Par ailleurs, Al Omrane, constituée partie civile, réclame désormais un milliard et 200 millions de centimes (12 millions de dirhams) à titre de réparation.
Le procès, particulièrement sensible au vu de la gravité des accusations et du profil des mis en cause, est suivi de près par l’opinion publique, avide de transparence dans un secteur trop souvent entaché par des affaires de corruption.