Il n’aura fallu que quelques jours après le dernier Conseil des ministres, présidé par le Roi, et la publication du communiqué final, pour que les réseaux sociaux s’enflamment autour d’un volet du projet visant à subventionner les candidatures de jeunes aux législatives de 2026. Or, le dispositif n’est pas encore arrêté : il doit encore suivre le circuit législatif avant toute application.
Au cœur des réactions, l’annonce d’une prise en charge jusqu’à 75 % des dépenses électorales pour tout candidat de moins de 35 ans (au sein d’un parti ou en indépendant). Cette seule indication alimente un vif débat chez de nombreux jeunes, parfois peu informés des conditions qui encadreront la mesure. Certains disent déjà vouloir se présenter uniquement pour bénéficier de l’appui financier, sans réelle intention d’assumer un rôle politique, de briguer un siège au Parlement ou de s’inscrire dans une démarche partisane structurée.
Pensé pour favoriser l’implication des jeunes dans la décision publique et renforcer leur poids dans les programmes et chantiers nationaux, le projet se voit ainsi détourné dans l’imaginaire collectif : des voix suggèrent qu’une telle subvention pourrait servir à éponger des dettes, financer des achats de consommation, des voyages, des fêtes, voire, dans les fantasmes les plus sombres, alimenter des projets d’émigration clandestine – autant de scénarios qui trahissent une méconnaissance du cadre légal à venir et des mécanismes de contrôle qui devraient l’accompagner.
Pour éviter que cette initiative, porteuse d’espoir, ne se transforme en déception amère et n’accentue la désaffection des jeunes pour la vie publique, il est urgent que le gouvernement, en particulier le ministère de l’Intérieur, ainsi que l’ensemble des partis, mènent une communication claire, pédagogique et proactive. Investir sans tarder les réseaux sociaux et les médias publics permettrait d’expliquer les objectifs, critères d’éligibilité, plafonds, modalités de contrôle et sanctions – bref, de replacer la mesure dans son sens civique, loin des idées reçues.
Par Jalil Nouri