Damas vient de franchir une étape majeure dans sa relance économique. Le ministère syrien de l’Énergie a annoncé lundi la reprise des exportations de pétrole lourd, interrompues depuis 14 ans, avec un premier envoi de 600.000 barils depuis le port de Tartous. Cette cargaison, transportée à bord du pétrolier Nessus Christiana pour le compte de la société BeServ Energy, marque un retour inattendu de la Syrie sur la scène pétrolière internationale.
Selon le communiqué officiel, cette opération s’inscrit dans une stratégie visant à renforcer la présence de la Syrie sur les marchés étrangers et à diversifier les partenariats avec des compagnies internationales. Le ministère a indiqué que d’autres exportations suivront dans les prochains mois, confirmant ainsi une dynamique de redémarrage du secteur. Déjà en juin, le pays avait tenté une percée en réexportant 30.000 tonnes de produits raffinés depuis la raffinerie de Baniyas.
Ce retour intervient dans un contexte particulier. En août 2025, Google a retiré la Syrie de la liste des territoires soumis aux sanctions de l’OFAC, l’Office américain du contrôle des avoirs étrangers. Une décision qui a mis fin à plus d’une décennie d’isolement numérique et économique, permettant notamment la réactivation des services publicitaires de Google dans le pays. Cette évolution a ouvert la voie à de nouvelles perspectives commerciales, dont le pétrole constitue la pierre angulaire.
Avant la guerre civile déclenchée en 2011, le pétrole représentait près de 20 % du PIB syrien, la moitié des exportations et plus de 50 % des recettes publiques. Avec une production de 390.000 barils par jour en 2010, le pays comptait parmi les producteurs notables de la région. Mais le conflit, conjugué aux sanctions internationales, a réduit la production à environ 40.000 barils par jour en 2023, plongeant le secteur dans une léthargie durable.
La relance des exportations depuis Tartous, bien qu’encore fragile, apparaît ainsi comme un symbole de redressement économique et diplomatique. Elle pourrait contribuer à améliorer les recettes publiques, tout en repositionnant la Syrie dans les circuits énergétiques mondiaux, sous réserve toutefois d’une stabilité politique et d’un climat international favorable.