Les dizaines de milliers de chauffeurs de taxi s’attendaient à tout de la part du gouvernement, sauf à ce qu’ils considèrent comme un coup de poignard dans le dos.
Tout est parti d’une déclaration du ministre de l’Intérieur lors de son intervention au Parlement, dans laquelle il a estimé, en des termes sibyllins, qu’il ne fallait pas intégrer officiellement les applications VTC, mais qu’on ne pouvait pas non plus les ignorer. Cette phrase inattendue a mis le feu aux poudres, créant un profond malaise, encore plus grand que celui dans lequel sont plongés les chauffeurs de taxi depuis l’arrivée des services de transport basés sur des applications mobiles. Ces derniers sont considérés par eux comme une concurrence déloyale, ayant conduit à de nombreux incidents avec les chauffeurs de taxi traditionnels, incidents qui se sont souvent soldés par des interventions policières.
Le ministre a tenu à préciser que des études étaient en cours pour établir une réglementation permettant une cohabitation équitable entre les deux types de transport, afin d’éviter les intimidations et les agressions à l’encontre des chauffeurs de VTC dans plusieurs villes. Un récent incident à Casablanca, impliquant un chauffeur de taxi et un VTC transportant un diplomate russe, a même été relayé par la presse russe et porté à l’attention du ministère des Affaires étrangères.
Les autorités souhaitent avant tout parvenir à une libéralisation progressive du secteur des taxis classiques et à leur mise à niveau, d’autant plus que le pays s’apprête à accueillir de grands événements internationaux. Elles envisagent de s’appuyer sur l’expérience réussie à Agadir pour rendre les taxis plus attractifs et compétitifs, tout en instaurant des relations apaisées et en respectant les choix des clients.
Mais cet idéal encore lointain risque de laisser place à une tension encore plus grande.
Par Jalil Nouri
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